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« Mais que fait la mairie ? » - Le mot du Padre par le père Erwan de Kermanguy
C’est la question qui viendrait sur toutes les lèvres si un bâtiment s’effondrait, comme dans l’évangile de ce dimanche, entraînant la mort de 18 personnes. On demanderait « pourquoi les services d’urbanisme ont-ils laissé faire ? » « Il fallait interdire l’accès et sécuriser le site »…
Mais Jésus n’est pas là pour nous parler d’urbanisme ou de normes de sécurité. Il nous renvoie à une réalité plus essentielle : notre vie ultime. Si vous ne vous convertissez pas, vous périrez tous de même. En ce temps de Carême, comment prenons-nous au sérieux cette invitation du Christ ? Comment interdisons-nous l’accès aux pensées dangereuses qui nous mènent au péché ? Comment nous gardons nous, par prudence, à distance des lieux et des occasions où nous savons que nous allons pécher ? Nous connaissons bien nos fragilités… pourquoi ne les sécurisons nous pas davantage ? Que fait la mairie de Jérusalem ? Et toi, que fais-tu pour sécuriser ton âme ?
Les efforts du carême sont une aide. Ils nous permettent de fortifier la volonté, d’identifier nos zones de fragilité spirituelle. Renoncer à de fausses sécurités par le jeûne, me débarrasser de ce qui m’alourdit… mais aussi consacrer davantage de temps à la prière, comme une manière de consolider la tour de Siloë de mon cœur, comme on injecte du ciment dans la fissure d’un mur, injecter Dieu dans les fissures de mon cœur, me laisser remplir de Dieu.
« Celui qui se croit solide, qu’il fasse attention à ne pas tomber », écrit Saint Paul aux Corinthiens. Voilà une belle invitation à la conversion. Trop souvent nous péchons parce que l’orgueil nous rend négligents. Nous avons négligé la sécurité la plus élémentaire parce que nous étions sûrs de nous. Je me souviens d’avoir descendu une piste noire, avec des amis férus de ski. Ils ont descendu la piste à grande vitesse, enchaînant dans un fou-rire les chutes sans gravité, tandis que, sachant la piste hors de mon niveau, j’ai pris mon temps pour descendre sans tomber. Celui qui est sûr de soi, est sûr de tomber un jour ou l’autre, parce que sa confiance est en lui et non en Dieu. Combien d’infidélités conjugales auraient pu être évités avec davantage de prudence : « mais non, moi je ne peux pas être infidèle, donc il n’y a pas de risque à accepter cette invitation tardive... » La prudence est une vertu essentielle dans le combat spirituel. Et parfois, Dieu permet que nous tombions, pour nous ouvrir les yeux et nous aider à nous ressaisir à temps.
Car voilà ce qu’il y a de beau avec Dieu, c’est que rien n’est jamais perdu. Lorsque la tour de Siloë est tombée, c’est fini, elle est tombée. Mais avec Dieu, rien n’est jamais fini. Voilà pourquoi l’évangile de Saint Luc vient coller à cette histoire l’autre histoire, celle du figuier qui ne porte pas de fruit. Il y a 2 leçons de cette petite parabole :
- La 1ère, la plus simple, c’est qu’il ne faut pas hésiter à supprimer ce qui épuise notre terre spirituelle, et qui ne porte pas de fruit. Là encore, c’est le sens de notre jeûne. Et cela vaut plus largement que la nourriture : quelqu’un me disait dernièrement que s’être déconnecté de Facebook pendant le Carême lui donnait davantage de temps pour aimer sa famille…
- La 2nde leçon de cette petite parabole, c’est que Dieu est patient. Si nous avons parfois l’impression que notre vie est comme ce figuier stérile, que nous n’y arrivons pas… alors il faut recommencer, bêcher… Et y mettre du fumier. Pourquoi du fumier ? D’abord parce que le figuier ne peut pas y arriver tout seul. « Sans moi vous ne pouvez rien faire » dit Jésus. Ensuite parce qu’il ne s’agit pas d’y mettre des choses rutilantes, des milliards de dollars… mais peut-être des choses humbles… 15 min de prière par jour, un chapelet que je dis en passant le balai, des choses qui ne paient pas de mine…
« Mais que fait la mairie ? »… et toi, que fais-tu de ton Carême ?
Père Erwan de Kermenguy
CR équipe nationale louvetisme
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