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« S'attacher à ce qui demeure » - Le Mot du Padre par Don Maxence Bertrand
« Le monde tourne, la croix demeure ». C’est la devise des Chartreux. Une manière de transposer dans le monde, les paroles même de Jésus dans l’Évangile : « Le ciel et la terre passeront, mes paroles ne passeront pas. » (Lc 21, 33)
Quand l’auteur de l’épître aux Hébreux invite les fidèles à trouver dans le Ciel l’ancre de leur existence (He 6, 19), il n’encourage certainement pas à quitter le navire ou à esquiver les tempêtes de ce monde. Jeter son ancre dans le Ciel, c’est trouver ailleurs qu’en ce monde agité notre sécurité et notre paix. C’est trouver dans le mystère de la croix et des paroles de Jésus ce qui ne passera jamais. Le rythme des médias, des événements politiques, le rythme des armes et celui des indignations, éreinte peu à peu notre vie intérieure et notre discernement.
"Jeter son ancre dans le Ciel, c’est trouver ailleurs qu’en ce monde agité notre sécurité et notre paix."
Tout l’enjeu, en ces temps troublés, est de garder en notre âme le rythme de la prière. Et celui de la nature peut considérablement nous y aider.
Comme en ce dimanche, les nombreuses paraboles qui se réfèrent aux champs, à la vigne, aux oiseaux du ciel, au travail de la terre ou aux récoltes disent quelque chose du rapport de Jésus au réel de la Création, au temps de la terre et à celui du Père.
Le scoutisme est en ce sens une école d’Évangile, parce qu’il nous apprend à vivre un autre rythme que celui du monde, au rythme de la nature, de la pluie et du beau temps, du départ en grand-jeu. Au rythme du lever des couleurs et de la prière au coin du feu. Au rythme de la campagne et à celui des villages traversés.
Les événements et les agitations du monde sont loin.
Il ne s’agit pourtant pas d’une échappée du monde. Ces temps privilégiés offrent le secret d’une liberté intérieure. La liberté de ne pas vivre au rythme d’un monde politique essoufflé et à celui d’un monde médiatique angoissé. La liberté de vivre au rythme des relations proches et fraternelles. La liberté de vivre au rythme lent de la nature. Au rythme de Dieu.
"La liberté de vivre au rythme des relations proches et fraternelles"
Les moines appellent cela « la garde du cœur ».
C’est certainement un enjeu spirituel pour notre époque. Garder son cœur dans la paix et la confiance en Dieu qui n’abandonne pas les siens. Garder son cœur loin des agitations du monde pour continuer à aimer le monde à la manière du Christ.
La création qui s’éveille chaque matin et qui nous rappelle la grande fidélité de Dieu peut nous aider à garder notre cœur dans l’espérance de son amour.
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