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« Une absolue nécessité... » - Le Mot du Padre par l'abbé Tristan de Chomereau
« Il y a loin de la coupe aux lèvres ». Ce dicton s’applique hélas bien souvent à notre résolution de continuer le moment lumière ou l’heure route d’antan. On les maintint un temps quotidiennement, puis on les espaça, pour finir par les abandonner. On garde certes la nostalgie de ces temps de réflexion, de méditation, de prière. Jésus-Christ, autrefois si présent, se fait lointain, son visage devient flou, sa parole est à peine audible.
L’Église connaît nos difficultés dans le combat de la prière : des emplois du temps surchargés, la sécheresse, une certaine lassitude, l’acédie… Aussi, l’Église nous relance-t-elle régulièrement. Ainsi, il y a trois mois, le Pape demandait de préparer le prochain Jubilé « en redécouvrant la grande valeur et l’absolue nécessité de la prière dans la vie personnelle, dans la vie de l’Église et dans le monde »[1]. Voilà qui se passe de commentaire ! Reste à passer aux actes.
Mais, tout d’abord, qu’est-ce que la prière et comment prier ?
Il y a mille manières de définir la prière. Saint Jean Damascène parle de la prière comme « l’élévation de l’esprit et du cœur vers Dieu »[2]. Une élévation qui suppose de vaincre une force d’attraction terrestre, un effort pour s’y mettre, pour se détacher d’une activité afin de se centrer sur Dieu.
"La prière, élévation de l'esprit et du coeur vers Dieu."
Il y a aussi des multiples manières de prier : prières vocales, mentales, oraison, méditation ; et des finalités : adoration, action de grâce, contrition, demandes… On entend parfois, et pas toujours comme une excuse : « Mais je ne sais plus prier ! ». Saint Josémaria donnait deux conseils : « Mets-toi en présence de Dieu et dès que tu as commencé à dire : « Seigneur, je ne sais pas faire oraison ! », sois assuré que tu es déjà en train de la faire. » — « Tu m’as écrit : “Prier, c’est parler avec Dieu. Mais de quoi ?” — De quoi ? De Lui, de toi : joies, tristesses, succès et défaites, nobles ambitions, soucis quotidiens…, faiblesses ! Actions de grâces et demandes, amour et réparation. En deux mots, Le connaître et te connaître : se fréquenter ! »[3]
L’idéal est de parvenir à dialoguer filialement, fraternellement avec le Seigneur.
Prier, quand ? On a envie de répondre toujours. Est-ce possible ? Oui, si on réserve des moments précis à la prière. L’homme est un animal d’habitude. Un philosophe a même pu dire que la routine c’était la liberté. Il s’agit d’insérer dans notre emploi du temps ces moments de prière. Un conseil : qu’ils soient à heure fixe, d’une durée fixe. Il est rare d’être porté par un élan soudain et spontané. Tant mieux s’il vient, mais d’habitude il s’agira d’être fidèle à un rendez-vous que nous avons avec le Seigneur et auquel il nous attend. Ne lui faisons pas faire antichambre !
"Nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit Saint intercède pour nous "
Nous aurons peu d’illuminations mystiques. Sainte Thérèse d’Avila disait qu’un coup de bèche dans la terre peut faire jaillir de l’eau fraîche. Mais habituellement il faut la tirer des profondeurs du puit. On comprend la métaphore. Il y a un travail dans la prière ; on aura souvent besoin de l’Écriture ou d’un livre de spiritualité comme guide. Mais souvenons-nous aussi ce que dit saint Paul : « … nous ne savons pas prier comme il faut. L’Esprit Saint intercède pour nous par des gémissements inexprimables »[4].
[1] Angélus, 21 janvier 2024.
[2] CEC 2590.
[3] Chemin, Le Laurier, Paris, n° 90 & 91.
[4] Rm 8, 26.
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