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« Et toi, qu’est-ce qui te nourris vraiment ? » - Le Mot du Padre par Don Monfort de Lassus
Et toi, qu’est-ce qui te nourris vraiment ? Avec le discours du pain de vie comme avec la Samaritaine, Jésus vient réveiller notre soif et notre faim existentielles.
La faim et la soif désignent ce qui est vital. On peut en effet mourir de faim ou de soif. Pour nous éviter cela, nos sociétés nous ont saturés de mets et nous courrons le risque de devenir obèses, non pas tant à trop manger qu’à mal manger. Jésus nous met en garde : ne craignez pas ceux qui s’en prennent à votre corps mais plutôt ceux qui en veulent à votre âme.
Il existe une malbouffe spirituelle qui ne nourrit pas vraiment notre besoin élémentaire et vital de Dieu. Il existe aussi un remède qui nous incorpore en Dieu.
Le Christ nous convie à un festin de noce et non pas à un apéro.
La malbouffe commence par l’absence de nourriture spirituelle : celle qui devrait nourrir mon intelligence, mon raisonnement, ma parole et donc ma discussion et enfin ma prière. Quelle place pour la Parole de Dieu, pour les vies de saints ? Pour un peu de théologie ou pour l’étude du catéchisme ? Pour quelques ouvrages de fond dans d’autres domaines profanes ? Très concrètement, aussi intéressantes soient-elles, les vidéos des influenceurs sont des mises en bouche qui ne peuvent nourrir sérieusement. Ce que nous oublions, c’est que manger ou boire réclame un effort. Et en ce domaine, nous sommes souvent plus adeptes de pom’pote que de côte de bœuf ! Le Christ parle de nous donner sa chair comme une vraie nourriture. Saint Paul aurait aimé donner une nourriture solide aux Corinthiens mais, encore enfants, ils ne supportent que le lait… Qu’est-ce qui me nourrit vraiment ? Peut-on compter sur ma parole (ce que je dis et qui provient de mon intelligence élevée par la foi) comme sur une parole solide ?
Le Christ nous invite à soigner notre bivouac ou notre coin de patrouille, notre manière de demeurer en Dieu et Lui en nous.
Après l’absence de nourriture solide, nous pouvons être menacés par le « scrolling » spirituel » autre nom du grignotage. Or « celui qui mange ce pain vivra éternellement ». Le Christ nous convie à un festin de noce et non pas à un apéro. Il faut tenir, il faut durer et cela peut nous être difficile car nous avons perdu l’art de la table comme de nous y tenir. Le Christ nous invite à soigner notre bivouac ou notre coin de patrouille, notre manière de demeurer en Dieu et Lui en nous. Même pèlerins, nous soignons nos haltes car nous avons conscience qu’elles sont des anticipations de la vie éternelle. Ce que dit Jésus n’est pas facile à entendre et à digérer pour les Juifs comme pour nous : « Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel. si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Jésus veut devenir notre nourriture, une nourriture solide et durable qui comble toujours. Comment est-ce que je demeure en présence de Dieu ?
Avec tout cela, nous comprenons que l’expression « pain vivant » ne désigne pas une nourriture mais une vie avec Dieu. Jésus ne se réfère pas tant à la manne qu’à « l’arbre de vie » du Paradis qui symbolise l’immortalité dont l’homme aurait joui s’il n’avait pas péché. Cette lecture est confirmée par l’Apocalypse qui promet deux bienfaits à celui qui écoute : la manducation de l’arbre de vie (Ap 2, 7) et celle de la « manne cachée » (Ap 2, 17). L’Eucharistie est donc présentée par Jésus comme le remède à la chute originelle. Par elle, l’accès à « l’arbre de vie » est rendu à l’homme déchu, l’immortalité perdue lui est rendue. Elle est la « nourriture » non trompeuse, offerte par le Christ en toute vérité, et qui seule peut réellement rendre l’homme semblable à Dieu, en lui donnant de vivre de sa vie éternelle. Mais la condition pour qu’elle porte son fruit d’immortalité est la même qu’à l’origine : il faut écouter la Parole divine et la croire. Or, cette condition est bien plus difficile à remplir qu’au Paradis terrestre ! De fait, la plupart des auditeurs de Jésus ne croiront pas. Et moi ? L’Eucharistie habitude ou remède ?
Le Verbe qui s’est réellement et personnellement uni à la nature humaine, à la « chair », ne veut pas se contenter d’une union purement spirituelle avec les croyants, par la foi. II ne faut pas seulement croire. Il lui faut aller jusqu’à « s’incorporer » physiquement à eux par le sacrement de son corps et de son sang donnés en nourriture et en boisson. Il faut manger et boire, non pas tant pour métaboliser la vie divine en nous mais nous laisser transformer en Lui.
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