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L'Espérance face à deux tentations - Le Mot du Padre par l'Abbé Raphaël Cournault
Je me souviens des veillées autour du feu qui se terminaient souvent par le chant de l’Espérance. « L’espérance est un trésor » ! En entendant les lectures de ce dimanche, on pourrait se croire plongé dans un film catastrophe dont Hollywood a le secret. Avec stupeur et tremblement on vous annonce la fin, on imagine déjà l’invasion des extraterrestres ou l’arrivée d’un nuage d’astéroïdes venu dévaster la terre. Et pourtant, ces textes nous parlent de l’espérance chrétienne au présent. Comme chrétiens, nous sommes souvent coincés entre deux tentations. D’une part, céder aux sirènes du catastrophisme : « Mon père, le monde part à vau-l’eau, rien ne va plus, c’était mieux avant... ». On imagine, devrais-je dire, on rêve d’une chrétienté idéale qui n’a jamais vraiment existé ailleurs que dans notre imagination. Et dans cette situation, nous nous raidissons. Nous réagissons comme les derniers des mohicans, qui se retrouvent entre eux parce qu’ils ont peur du monde… Pour le dire sans embages, c’est un peu notre tentation naturelle de « scout d’Europe ». Heureusement que les apôtres et les martyrs n’ont pas céder à ces tentations là… sinon nous serions encore en train d’adorer les statues d’animaux…
A contrario, il y a la tentation terrible du découragement. La maladie de "l’aquaboniste" : à quoi bon vivre vraiment en chrétien, ça ne sert à rien. Nous sommes une minorité, alors autant se laisser emporter par la majorité, inutile de défendre quoi que ce soit. Puisque personne n’est d’accord, je ne vais pas changer le monde à moi tout seul, et je préfère me mettre d’accord avec les autres puisque qu’ils ne veulent pas se mettre d’accord avec moi. Je vis comme un sous-marin : entre deux eaux.
Aucune de ces deux attitudes n’est digne d’un scout et d’un chrétien. L’une me plonge dans un passé fumant, l’autre m’engage dans un avenir sans goût. Le juste chemin du chrétien se joue au présent.
En cela, le départ routier nous parle de l’espérance : « vert, couleur des éclaireurs, de tout ce qui pousse et grandit pour que ton espérance t’entraine toujours plus loin ». Notre espérance de chrétien, c’est de croire que Dieu peut agir dans le monde aujourd’hui. Que si nous traversons des épreuves, Lui reste présent. Que rien n’arrive sans que Dieu le permette.
L’Évangile se réalise si nous sommes fidèles à la Parole du Christ, si nous ne vivons pas dans la crainte d’être submergé par l’adversité, ni dans l’idée que l’indifférence ambiante (voire même l’hostilité) devienne plus forte que notre Foi, ou que quelques groupes fanatiques et fanatisés puissent venir détruire ce que nous avons construit. Voilà la véritable épreuve de la Foi. Croyons-nous vraiment que la puissance de l’amour de Dieu, à l’œuvre à travers l’histoire des hommes, sera plus forte et finira par l’emporter ?
Joyeuse et confiante espérance dans le dessein de Dieu : voilà le cap ! Demandons la grâce de le garder !
Abbé Raphaël COURNAULT, RS
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