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La vérité si je mens - Le Mot du Padre de l'Abbé de Kermenguy
Dans quelques semaines, nous fêterons Noël. Dieu s’est fait homme. Il est venu dans le monde. Si on me demandait pourquoi Dieu s’est fait homme, je pourrais faire une belle réponse aussi longue que théologique. Je dirai qu’il est venu pour nous sauver du péché, pour nous révéler l’amour du Père, pour introduire l’humanité dans la vie trinitaire. Et je serai à côté de la plaque. Dans l’évangile, Jésus nous dit lui-même pourquoi il s’est fait homme : « je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » ! Il le dit au moment ultime de son procès.
Si on parle avec un CP de la loi scoute, en toute franchise, l’article 7 ou l’article 10 lui sembleront sans doute plus important que l’article 1. Dans ma vie de prêtre, j’ai vu plus de gens avoir des remords sur des vols ou des difficultés à vivre la chasteté que de gens qui ont une grande culpabilité pour les petits mensonges du quotidien. Il faut dire que l’on s’y habitue.
Il est intéressant de voir que Jésus résume sa vie dans ces mots « rendre témoignage à la Vérité ». Et le Christ qualifie le diable de « père du mensonge » (Jn 8, 44). Cela doit nous interroger sur notre rapport à la vérité.
Et si je ne disais aucun mensonge aujourd’hui ? Je vous engage à relever ce défi, qui semble simple, presque enfantin. Et pourtant… dans nos relations professionnelles, dans notre vie familiale ou amicale… tant de situations seraient changées si nous nous contentions de la seule vérité. Jésus n’avait pas vu le film « la vérité si je mens », mais c’est bien ce type de situations qu’il vise lorsqu’il nous dit « oui si c’est oui, non si c’est non… tout ce qu’on dit en plus vient du mauvais » (Mt 5,37).
De même qu’un reflet du soleil sur la mer en été participe à la lumière du soleil, de même notre recherche de la vérité dans la vie quotidienne participe à la vérité éternelle. Faire la vérité, dire la vérité, c’est rendre Dieu présent dans le monde. C’est pour cela que les lieux où nous pouvons être en vérité sont des lieux précieux. Je pense particulièrement à l’amitié. L’amitié ouvre un espace où je ne suis pas jugé, un espace où je peux être accueilli tel que je suis. Avec les vrais amis, je ne peux pas frimer longtemps. Il y a aussi les fraternités chrétiennes, la Route, les groupes de partage (j’écris ces lignes en sortant d’une rencontre de la « bière des pères » qui sur ma paroisse permet à des papas et au curé que je suis de partager en vérité) sont des lieux précieux. On s’y sent bien parce qu’on peut être soi-même. On y est en vérité. Et Dieu y est présent. Je pense aussi au confessionnal. Comme jeune prêtre lorsque j’ai commencé à confesser, j’ai eu envie de me mettre à genoux devant le pénitent, parce que j’ai été saisi d’admiration devant ces hommes et ces femmes qui étaient en vérité devant Dieu. Et devant la vérité, il faut se mettre à genoux. Car là où il y a la vérité, Dieu est présent.
Il faudrait préciser ce propos par le psaume « amour et vérité se rencontrent ». On ne peut parvenir à la vérité sans amour, fait remarquer Benoit XVI dans Caritas in Veritate (un petit texte que je vous encourage à redécouvrir… c’est très accessible parce que Benoit XVI est un grand pédagogue). La vérité sans l’amour ne peut parvenir à saisir en plénitude ce qu’elle observe. Mais ce serait un autre sujet.
Avez-vous déjà fait le lien entre le premier article de notre loi « le scout met son honneur à mériter confiance » et le cérémonial de la promesse « sais-tu que ton honneur est d’appartenir au Christ et d’avoir qu’une seule parole sur laquelle les autres doivent pouvoir compter ? » Le Christ est la Vérité. Appartenir au Christ c’est être dans la Vérité… et réciproquement tout homme qui cherche la Vérité rencontre le Christ, même s’il ne l’a pas encore pleinement reconnu.
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