News
Comment devons-nous vivre à présent ? Le mot du Padre par le Père Jean-Baptiste Perche
Parmi les tentations auxquelles nous serions amenées à succomber facilement après les dernières révélations contenues dans le rapport de la CIASE, il y a celle, trop familière, de vouloir tout passer en revue rapidement sans tirer de justes et bienfaisantes conclusions pour l’Eglise catholique qui est en France. Et même après avoir pris en famille, en paroisse ou bien avec des amis un temps pour partager nos réactions, il serait assez facile de nous contenter après lui d’un bien-être de circonstance, très relatif, qui nous aiderait, si je puis dire, à passer à autre chose. De nombreuses voix se sont déjà élevées pour nous exhorter à passer aux actes et nos évêques étaient en session de travail cette semaine à Lourdes à cette fin. Mais comment devons-nous vivre à présent ?
Cela demeure encore bien difficile à comprendre complètement, mais dans ces douloureuses affaires, il y a un point commun, une structure ecclésiale dite systémique qui a favorisé un sentiment d’impunité et de démesure dans le cœur de nombreux prêtres et laïcs, au point qu’ils aient pu commettre des actes radicalement contraires aux sens des promesses de leur baptême. Ne nous en déplaise, ces atrocités furent perpétrées dans des cadres pastoraux déterminés, dont une hiérarchie pas toujours aveugle a permis par ses décisions la mise en œuvre et aussi, à certaines époques, la réitération. Mais si nos évêques vont tenter ces jours-ci de regarder toute cette douloureuse vérité avec le plus d’application qui soit, il faudrait aussi que chacun de nous puisse à son niveau se demander comment et pourquoi il est possible que des prédateurs de la vie aient pu dans notre Eglise disposer d’une telle liberté d’action criminelle.
Fort heureusement, la présence de ces prédateurs n’est pas si fréquente que nous soyons obligés d’être constamment sur nos gardes ! Cependant, il nous faudrait nous convertir à un véritable consentement du cœur : apprendre à savoir repérer autour de nous tout ce qui indiquerait ou pourrait susciter de tels actes, ce que dans le domaine psychologique et social on appelle des signaux faibles.
Il est en effet possible pour chacun de nous de demander à l’Esprit-Saint une grande perception intérieure de tout comportement et de toute intention suggérant un désir abusif appliqué sur le corps ecclésial ou un de ses membres. Il s’agit-là d’une grâce de vigilance et de protection intérieure qu’il nous faut Lui demander et qu’Il ne peut nous refuser, Lui, le Paraclet - c'est-à-dire l’Avocat.
Mais sur quoi devrait donc porter spécialement nos attentions quotidiennes pour obtenir de devenir ces gardiens dont les plus faibles d’entre nous ont nécessairement besoin ? Et bien, sur ces trois dimensions anthropologiques de la relation si mêlées entres elles et sur lesquelles le rapport rendu mardi 5 octobre à nos évêques a insisté : le moral, le spirituel et le psycho-affectif. Le pape François nous l’a bien dit récemment et, l’expérience de l’Eglise terrestre est si prégnante et si douloureuse qu’elle lui a permis d’apercevoir en elle ce que l’Ecriture n’avait jamais cessé de lui dire : tout abus moral peut conduire à un abus spirituel et tout abus spirituel peut conduire à un abus de nature sexuelle (cf. 2 S 13 ; 1 R 14,22-24 ; Mc 10, 13-16 ; 1 Th 4, 3-8). Il est d’ailleurs, à ce sujet, étonnant de constater à quel point certaines communautés qui avaient voulu le plus baser leur doctrines spirituelle et apostolique sur la pensée d’une seule personne, presque déjà canonisée de son vivant furent celles qui durent le plus subir d’abus faits aux corps physiques de sa part ou de celle de ses pseudo-disciples. Ces trois domaines sont vraiment bien liés !
>> Lire aussi : Prier pour les victimes d'abus sexuels.
En tant que scouts, nous avons appris à nous soucier du bien-être de personnes que nous n’avions bien souvent pas choisies. Un charisme d’autorité sans préférence - qui signifie littéralement susciter, faire grandir - qui nous accompagnera toujours dans notre vie professionnelle, familiale et ecclésiale. Plus que jamais, ces révélations nous amènent à nous demander comment nous pourrions le mettre à profit dans l’Eglise actuelle. Comment le symbole du majeur qui protège les deux plus faibles pourrait ainsi être transmis par nous comme une exigence s’imposant à tous ? Demandons donc cette grâce de savoir détecter toute forme d’obscurité et d’abus et d’avoir le courage fraternel de les questionner ou bien même de les dire. Il ne s’agit pas tant de chercher à nous accuser mutuellement de grandes choses qui pourraient bien être inexistantes que d’aider chacun ici et maintenant à préférer la lumière de l’Esprit qui conduit vers Dieu en chassant l’obscurité du péché. C’est cette attitude éthique, noble et pure qui confondra les faux pasteurs (cf. Jn 10) et les intendants infidèles (cf. Lc 16) et qui fera grandir en Dieu les membres du Corps de Jésus-Christ. A nous d’en être les témoins ! (Cf. Lc 24, 48)
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.