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Vivre l'été avec Marthe et Marie - Le Mot du Padre par le Père Erwan de Kermenguy
Un camp ça se prépare ! Nous en avons tous fait l’expérience… C’est vrai pour les guides et scouts, c’est vrai plus encore pour les chefs et cheftaines. Organisation des activités, préparation du matériel de campisme, de la malle à déguisement, du concours cuisine… les dernières semaines de juin et les premières semaines de juillet sont bien remplies de préparatifs divers. C’est dans cette ambiance que nous accueillons dans l’évangile la remarque surprenante de Jésus : « Marthe, tu t’inquiètes pour bien des choses, une seule est nécessaire, Marie a choisi la meilleure part »
Quel est ce nécessaire ? Notre civilisation a multiplié les succès technologiques. Vous lisez ce texte sur un support numérique. Vous êtes peut-être tombé dessus par hasard en swipant sur Facebook. Quel est le nécessaire ? Notre vie scoute nous a appris à nous contenter de peu. On part en camp avec des malles pleines… c’est pourtant une première dépossession, il y a tant de choses qu’on laisse derrière soi en partant en camp. Et pendant le camp, à plusieurs reprises, on quitte le bivouac. Pour partir en grand-jeu, en explo, en raid… tout doit tenir sur son dos.
Le problème de Marthe n’est pas d’avoir voulu rendre sa maison accueillante ni d’avoir préparé le repas. Le problème de Marthe est de n’avoir pas su comprendre les priorités. L’enjeu du repas, c’est la rencontre de l’autre. L’enjeu d’internet c’est d’être au service des personnes humaines. L’enjeu de la technologie c’est d’être au service de la croissance non pas économique, mais de la croissance humaine. Lorsque ce que l’on fabrique, que ce soit un gâteau ou un téléphone, a plus d’importance que celui pour qui on le fabrique, alors l’objet est devenu une idole.
Nous avons besoin des camps, des pèlerinages, des retraites, des marches en solitaire, du silence… Nous avons besoin du jeûne, de la privation, de l’abstinence, pour redécouvrir ce qui dans le fond est essentiel, ce qui nous rend plus humain.
Or nous savons que l’homme est à l’image de Dieu. Dès la première page de la Bible, cette vérité fondamentale nous est enseignée. Nous serons pleinement nous-mêmes, si nous cherchons à lui ressembler. Mais comment lui ressembler sans le regarder, sans l’écouter, sans le contempler ? Les jeunes scouts adoptent très vite les expressions des chefs, leur vocabulaire, leur manière de s’habiller. Il en va de même avec le Christ : si nous passons du temps avec lui, comme Marie de Béthanie, alors nous lui ressemblerons… et nous deviendrons vraiment nous-mêmes.
Si nous passons du temps avec le Christ, comme Marie de Béthanie, alors nous lui ressemblerons… et nous deviendrons vraiment nous-mêmes.
Vous avez pris le temps de lire ce texte. Peut-être a-t-il nourri votre moment lumière ou votre heure route. Si vous êtes parvenus jusque là dans la lecture, vous avez sans doute pris le temps de vous demander ce qui était vraiment essentiel pour vous et ce dont vous pourriez vous alléger le temps des vacances… ou à plus long terme… Peut-être êtes vous saisis par un vertige civilisationnel : le matérialisme, sur lequel se fonde notre civilisation, va dans le mur… et nous avec ! Peut-être vous sentez-vous alors impuissants… que pouvons-nous faire lorsque le monde semble s’effondrer ?
Là encore, la réponse nous est donnée, déroutante, par le Christ dans ce repas chez Marthe de Béthanie. « Marie a choisi la meilleure part, elle ne lui sera pas enlevée ». Notre monde passera… mais la part que Marie a choisie ne passera pas. Le Christ ne nous invite pas à nous rajouter des inquiétudes, face à une civilisation dont le déclin se manifeste notamment par l’effondrement des valeurs morales. Le Christ nous invite à nous fonder sur l’éternel. Nous avons à assumer notre part dans l’histoire de la civilisation. Le scout s’engage dans la cité, parce qu’il est fidèle à sa patrie et qu’il veut être artisan d’une Europe unie et fraternelle. Mais cet engagement repose sur une confiance fondamentale dans le Christ. C’est le Christ qui sauve le monde. Ce sont les saints qui marquent durablement l’histoire de l’humanité.
Il nous faut agir dans le monde, en chrétiens… pas en défenseurs d’idées chrétiennes mais en chrétien, c’est-à-dire en mettant le Christ au centre de notre vie.
Il nous faut agir dans le monde, en chrétiens… pas en défenseurs d’idées chrétiennes mais en chrétien, c’est-à-dire en mettant le Christ au centre de notre vie. Sinon, nous serons toujours Marthe, occupée à faire ce que nous pensons que Jésus attend de nous, plutôt que de faire sa sainte volonté.
Par notre baptême et notre promesse, nous avons choisie la meilleure part. Ne nous la laissons pas enlever.
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