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« Le scout est fait pour servir et sauver son prochain. »... Pour ne pas rester un mauvais spectateur
L’évangile du Bon Samaritain que nous méditons en ce 15e dimanche du Temps Ordinaire, résonne d’une manière particulière pour un ancien scout, « fait pour servir et sauver son prochain. »
Le prêtre et le lévite de la parabole ont chacun vu l’homme à terre, blessé et seul. Mais ils sont restés les tristes spectateurs de cette scène. Ils n’y sont pas entrés. Pourquoi ? Ont-ils eu peur ? N’avaient-ils pas le temps ? Pas envie ? À quoi ont-ils pensé ? Ont-ils hésité ? On peut imaginer leurs raisonnements et leurs doutes… Mais à force de réfléchir ils ne sont pas entrés dans la scène. Ils n’ont pas mis les mains dans la pauvreté et la misère de cet homme. Ils ne l’ont pas relevé.
Le samaritain a vu, lui aussi, l’homme gisant à terre. Mais ses entrailles ont parlé plus fort que sa tête. Son cœur a parlé plus fort que son agenda. Ses tripes ont parlé plus fort que ses idées politiques et religieuses.
Il est des moments où la charité n’a pas de mots. Elle ne s’explique pas. Elle ne se justifie pas. Elle ne s’anticipe pas. Elle éclate dans toute sa simplicité et sa spontanéité. Parce que l’amour ose tout et ne craint rien.
Notre société s’embourbe dans la confusion et l’anxiété. Elle s’évanouit dans le bruit des idées et des indignations de chacun. Dans cette ambiance, le chrétien connaît la tentation de participer à l’indignation collective. Le chrétien connaît la tentation de récriminer contre ce monde blessé et à terre. Peut-être même le chrétien connaît-il la tentation de s’évader de ce monde, de le contourner pour ne pas se laisser abîmer par lui. Il voudrait parfois vouloir crier plus fort et plus haut pour indiquer où est la voie du bien et de la foi. Il voudrait s’élever au-dessus de la mêlée pour montrer le Ciel et la victoire de la Croix. Mais il pourrait alors oublier que Jésus est descendu dans la chair et le silence de Nazareth, dans la nuit de Gethsémani et la poussière de Jérusalem. Il s’est abaissé devant la femme adultère pour lui parler de sa miséricorde. Il a traversé villes et villages en faisant le bien. Il a plié le genou pour laver les pieds de ses disciples.
J’ai la certitude que le silence de la charité la plus simple éteindra le bruit de ce monde. J’ai la certitude qu’il nous faut suivre Jésus dans ce monde blessé, non pour le juger mais pour l’aimer et le sauver. Il nous faut suivre Jésus auprès de l’homme blessé pour le relever et le guérir.
Il ne s’agit pas de sauver le monde. C’est déjà fait. Il s’agit de laisser passer l’amour du Christ pour ce monde au travers de notre témoignage de foi et de charité. Il s’agit d’imprégner ce monde de la grâce de Jésus. Il s’agit de l’humidifier par la bonté de Dieu qui passer par nos sourires et nos services les plus simples. Il s’agit de l’éclairer, non pas de nos leçons, mais par l’espérance que nous portons : Dieu est maître de l’histoire et s’il dort dans la barque de l’Église au travers des flots de ce monde, il garde tout pouvoir et nous conduit à destination. Il s’agit aussi de relever le goût de ce monde par la ferveur de notre prière et de notre vie spirituelle.
Il s’agit d’imprégner ce monde de la grâce de Jésus. Il s’agit de l’éclairer, non pas de nos leçons, mais par l’espérance que nous portons.
« Le scout est fait pour servir et sauver son prochain. » Le sens du dévouement et du service que le scoutisme a transmis à tant de générations nous indique encore notre manière chrétienne de vivre en ce monde, de le traverser, de le servir et de le sauver. Il ne suffit pas de le regarder, de le commenter, de s’en désoler pour le sauver. Il nous faut l’aimer et le servir. Les saints de tous les siècles nous montrent le chemin. Le monde et le bruit passeront. La charité ne passera jamais.
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