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Vie pro / Vie perso : faut-il un Ă©quilibre ?

22 septembre 2021 Vie professionnelle

Que l’on travaille par passion, par choix ou par obligation, la charge peut être lourde.

De même, une vie personnelle ou familiale nécessitant beaucoup d’implication peut sembler parfois pesante.

Alors que dire, lorsqu’il s’agit de concilier vie professionnelle et vie personnelle dans une recherche de subtil équilibre ? Et même lorsque tout semble rouler, arrivons-nous à maintenir ce fameux et fragile équilibre de façon satisfaisante ?

Mais d’abord, pourquoi faudrait-il établir coûte que coûte un équilibre ?

Vie personnelle et vie professionnelle doivent-elles systématiquement se positionner dans une équité parfaite à 50/50 sur la balance de notre vie ? Et sur quels plans devrait-on préserver un équilibre éventuel ?

Parce que c’est vous qui êtes le mieux placé pour savoir où doit se situer votre curseur, je vous propose pour commencer ce petit exercice :

  1. Listez toutes les catégories/composantes/dimensions de votre vie (travail, famille, couple, amis, vie spi, bénévolat, loisirs, sport, tâches ménagères, temps perso…) et hiérarchisez-les par ordre d’importance à vos yeux
  2. A l’échelle d’une semaine, essayez de comptabiliser le temps réellement passé pour chacune d’entre elles. Et déterminez si ce temps vous satisfait.
  3. Observez si le ratio temps consacré/degré d’importance vous semble cohérent et si toutes les dimensions sont bien présentes
  4. Prenez des décisions de changements éventuels en vous fixant un objectif précis et planifiez-en la mise en œuvre 😉

On peut facilement imaginer plusieurs cas de figure :

  • Vous n’êtes pas satisfait, vous ressentez tensions, tiraillements entre frustration et culpabilité, entre devoir et plaisir… parce que :
  1. Vous n’avez pas d’activité rémunérée et votre implication familiale, bénévole… prend selon vous un peu trop de place dans votre quotidien. Vous ne vous sentez pas épanoui(e).
  2. Vous avez une activité rémunérée qui vous demande beaucoup d’énergie et de temps et mord trop souvent à vos yeux sur votre vie personnelle. Vous vous sentez débordé(e).
  3. Les deux, mon capitaine ! Vous vous sentez envahi(e) tant par la sphère professionnelle que personnelle. Alors là, attention danger d’épuisement. (Voir l'article Engagement oui, épuisement non, du même auteur). 
  • Vous êtes satisfait selon 3 alternatives possibles :

  1. Vous avez une activité rémunérée et une implication familiale, bénévole… qui se marient dans un bel équilibre. Bravo !
  2. Il existe un déséquilibre de proportion de temps accordé soit à votre activité professionnelle, soit à votre temps personnel, mais cela vous va bien que l’une occupe une place plus importante, pour tout un tas de bonnes raisons qui vous appartiennent. Pourquoi changer ?
  3. Vous êtes satisfait de votre rythme et équilibre de vie, mais votre conjoint/entourage non : un dialogue en profondeur pour ajuster les attentes/besoins de chacun me paraît prudent de programmer 😉

Nous allons surtout nous situer dans les cas de figure A et B.

La première question à se poser c’est : est-ce que je ressens un déséquilibre uniquement par la proportion de temps consacré soit à mon activité professionnelle, soit à mes responsabilités bénévoles (scoutes et autres) ou familiales ? ou bien le déséquilibre se mesure-t-il aussi en niveau d’énergie, en poids de charge mentale… moins palpables ?

Autre introspection : est-ce que je me sens reconnu(e) à la hauteur de mon implication, quelle qu’elle soit ?

En effet, les facteurs d’implication tels que : le temps (présence et investissement concret), l’énergie (résistance physique) et la charge mentale (disponibilité d’esprit) peuvent être perçus très différemment selon que notre réservoir affectif est rempli de reconnaissance ou non !

 

Voilà donc quelques points d’attention pleins de bon sens, à prendre en compte pour concilier vie professionnelle et vie personnelle de façon ajustée à vos aspirations et à la réalité de la vie :

Cadrer le temps

  • Travailler à plein temps ? à mi-temps ? à temps partiel ? quel est le rythme réaliste, si on a la chance de pouvoir faire un choix ? Et les congés ?
  • Optimiser sa manière de travailler. Opter pour la qualité plutôt que la quantité. Connaître son rythme biologique pour gagner en efficacité.
  • Savoir perdre du temps (en planifiant, en s’organisant…) pour en gagner. Avez-vous la maîtrise de votre agenda ? Comment vous concertez-vous avec votre conjoint pour accorder vos emplois du temps ?
  • Hiérarchiser ses tâches. Eviter le « multi-tasking », source de surchauffe du cerveau !
  • Veiller au piège du télé-travail : savoir se fixer des limites, s’imposer des horaires de travail
  • Si vous avez un conjoint, des enfants, identifiez leurs besoins en moments de qualité (cf Langages de l’amour) avec vous pour les préserver, voire instaurer des rituels
  • Se réserver des moments off, mettre son psychisme en vacances pour faire baisser la charge mentale et déconnecter

Cadrer l’espace

  • Eriger une frontière entre sphère personnelle et sphère professionnelle pour les compartimenter. En télé-travail, déterminer un espace de travail dédié pour faciliter la déconnexion sans se laisser polluer par le travail
  • Gérer son espace numérique : quand et jusqu’à quand consulter ses mails, surfer sur le web, scroller sur les réseaux sociaux… ?
  • A quelle distance maximum de votre domicile êtes-vous prêt à aller travailler ?
  • Limiter le nombre et la fréquence des déplacements extérieurs, de réunions le soir…
  • Et si vos temps de transport en fin de journée pouvaient servir de sas de décompression afin de vous préparer à vous consacrer pleinement à votre conjoint, vos enfants, vos amis ?

Cadrer et ajuster son investissement

  • Définir ses activités prioritaires : choisir, c’est renoncer 😉. Savoir dire non.
  • Apprendre à se connaître (ses moments d’énergie, ses risques de sur-investissement, ses leviers de motivation, ses limites, ce qui vous occupe l’esprit …), gérer son implication
  • Répartir les tâches domestiques et parentales. Apprendre à s’appuyer sur les autres et à demander de l’aide, extérieure si besoin.
  • Préserver son capital santé (sommeil, sport, alimentation, détente, soins…)

Plus profondément, pour ajuster votre curseur entre vie pro et vie perso, la question du devoir et du plaisir est centrale. Je vous invite à lire, en guise de rappel, la signification du devoir d’état tel que le présente le site Alliance St Jean-Paul II :

« Que signifie faire son devoir d'état ?

Par devoirs d'état on entend : les obligations particulières que chacun a par suite de son état (marié, célibataire, père, mère, fils, fille), de sa condition, et de la situation qu'il occupe (au travail). (Grand catéchisme de St. Pie X, Titre III, chapitre V)

Le « devoir d'état » : c'est l'obligation de faire quelque chose parce que je suis qui je suis : créature, conjoint, enfant ou parent, mais aussi citoyen, patron, employé. Il s'agit d'accomplir son devoir d'état avec amour et cela constitue un chemin de sanctification.

Devoirs d'état envers Dieu ;
puisque par état, nous sommes ses créatures.
 
Devoirs d'état envers nos parents ;
puisque par état, nous sommes leurs enfants.

Devoirs d'état envers notre conjoint ;
si, par état, nous sommes mariés.

Devoirs d'état envers nos fils et nos filles ;
si, par état, nous sommes père ou mère.

Devoirs d'état envers la Cité, la patrie ;
puisque, par état, nous sommes membres de ces communautés.


Devoirs d'état professionnels. Devoirs d'état amicaux.
Devoirs d'état de bon voisinage... »

La question peut donc être : « que dois-je faire ? » et aussi « quelle est la hiérarchie de mes devoirs d’état ? » donc « qu’est-ce qui est aujourd’hui prioritaire parce que fondamental et/ou urgent selon mon état de vie ? »

« Est-ce que je me surinvestis dans une activité relevant soit-disant d’un devoir important, parce qu’il serait par exemple plus gratifiant ou plus intéressant ? »

Là encore, comme dans beaucoup de sphères de nos vies, il est bon de discerner, selon les étapes de vie : Quelle est la place du travail dans ma vie ? Est-ce nécessaire, voire indispensable que je travaille ? Est-ce le bon moment ? Est-ce que cela va contribuer à m’épanouir davantage ? Suis-je prêt(e) à endosser de nouvelles responsabilités ? Suis-je suffisamment disponible à mes proches ?

Pour les femmes, Edith Stein invite, pour le discernement de chacune, à considérer trois plans : comment puis-je accomplir mon humanité, ma spécificité féminine et ma personnalité ?

Bref, ce que ce que je fais est-il en phase avec ce qui est essentiel pour moi ? En quoi ce que j’accomplis construit demain et me construit ?

Et si vie professionnelle et vie personnelle n’étaient pas à mettre en opposition, ni en parallèle, ou en balance, mais plutôt 2 dimensions intimement liées de notre identité et de notre unité de vie ?

 

par Clotilde Boyer, Coach professionnelle, consultante et formatrice. Commissaire de District Manche.

 




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