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[Parole d'Homme] Saint Joseph, modèle de paternité autant que de sainteté
Comment est-il possible que Dieu se soit choisi un père imparfait ? Peut-être pas si imparfait que cela au fond. En tout cas pas sur l’essence même de son existence : la paternité. Une paternité relevant de la plus profonde vocation de l’homme. Quelle signification pouvons-nous alors donner à notre vocation paternelle ? Saint Joseph nous montre la voie. Suivons-le, imitons-le. Il y a fort à parier qu’au bout de chemin nous trouvions le Père Éternel. Notre véritable Père à tous.
Si Dieu Lui-même a considéré nécessaire de se choisir un papa, cela signifie que le père est nécessaire à la construction de toute personne humaine. Et disons-le tout de suite, la présence physique du père ne suffit pas, il faut une présence agissante, engagée, impliquée. Pour quoi faire concrètement ?
Mais à quoi saint Joseph a-t-il servi, de manière pratique ? Précisément saint Joseph « sert ». Le père est au service de son épouse qui est aussi mère de ses enfants. C’est la seule raison qui devrait le pousser à travailler (la quête du pouvoir, la gloire ou l’argent sont des quêtes sans fin et sans finalité autre que la mégalomanie).
Saint Joseph protège sa famille, et c’est probablement sa première fonction. Il protège Marie de la lapidation quand il décide de la prendre chez lui. Il protège l’enfant en quittant le monde connu pour partir en Egypte, un lieu inconnu, au milieu de la nuit, sans préparatif. Il lâche son entreprise sans avoir pris le temps de terminer ses chantiers. Moi, comme père, est-ce que je lâche mon travail pour aider ma femme et mes enfants, ou ai-je délégué ma paternité à ma femme ?
Saint Joseph adopte. Il choisit et il reconnaît socialement ses enfants. Il endosse la responsabilité de la paternité, et donc il assume les actes de ses enfants. Il assume la pleine responsabilité de cette reconnaissance. Ai-je vraiment choisi tous mes enfants ? Qu’est-ce-que je fais pour leur montrer qu’ils sont choisis ?
Saint Joseph exerce l’autorité. L’autorité n’est pas la domination, qui est la force du faible. Mon autorité est un fruit naturel de ma fiabilité et de ma droiture. L’usage de mon autorité consiste à faire grandir, à dresser, à élever. Tout enfant a besoin de limites, et le père, en les posant, enseigne à ses enfants le réel afin de les aider à sortir de l’infantile inconséquence et de la spontanéité irréfléchie propres à l’enfance pour éduquer à la vue adulte et rendre capable de réalisme.
Seule la bénédiction donne la vie.
Saint Joseph bénit et confirme par la parole. Saint Joseph n’est pas un père silencieux ; tordons définitivement le cou à ce mythe de l’homme parfait qui serait taiseux. Permettez-moi un uppercut : mon expérience auprès des hommes me montre que celui qui se désigne « taiseux » est avant tout un lâche qui n’ose pas. Le Père des cieux créé le monde par la parole. Le Verbe est parole. Mais de quelle parole parlons-nous ? De la parole performative de l’homme qui donne vie. Cette parole puissante est soit bénédiction, soit malédiction, soit silence (le taiseux se trouve dans cette catégorie). Seule la bénédiction donne la vie. La malédiction la détruit mais l’enfant peut la rejeter. Le silence est le pire car il sème le doute dont on ne peut pas se départir. Tout père est naturellement fier de ses enfants et il doit le leur dire. Père ! Parlez à vos enfants, ne bavardez pas inutilement mais dites-leur l’essentiel !! Vous avez une seule chose à leur dire, et elle vous sera comptée : leur révéler leurs dons, leurs talents, leurs qualités, leurs forces, leur beauté, en un mot leur valeur. Comment préparer un enfant à entrer dans le monde sans les avoir équipé de leur propre force ? Donnez à vos enfants leur nom de gloire qui est l’ensemble de leurs qualités.
Saint Joseph se réjouit de l’enfant qu’il regarde. Dieu le Père, lorsqu’il créé le monde à la Genèse, parle, produit et regarde. Et il regarde avec contentement ce qu’il a créé. Notre regard de père fait exister. Ce qui donne vie, comme dans la Genèse, c’est une combinaison de parole, d’action et de regard. Père, regardez-vous vos enfants dans les yeux quand vous leur parlez ? Offrez-vous toute votre personne quand vous êtes avec eux ? Vous réjouissez-vous de contempler leur beauté, leur force ?
Saint Joseph transmet et envoie. Saint Joseph a transmis à Jésus par l’éducation qu’il lui a donné. Une éducation au réel, à la pratique d’un métier, ainsi qu’une instruction rabbinique. Il a envoyé Jésus vers son Père, ce qui est la finalité ultime de la vocation paternelle : envoyer ses enfants vers le Père. Par tous les moyens, en particulier celui tout simple mais ô combien confrontant du mimétisme. Jésus a imité son père. Joseph le fait notamment en se soumettant à la religion juive et à ses rites. Il le fait circoncire, le présente au Temple, lui fait vivre le rite de passage à l’âge adulte de la Barmitsva. Et toi, es-tu le chef spirituel de ta famille ? Pries-tu avec tes enfants ?
C’est l’essence de la mission paternelle : être un saint et appeler ses enfants à une vie radicalement donnée.
Saint Joseph transmet le désir de l’union à Dieu. C’est l’essence de la mission paternelle : être un saint et appeler ses enfants à une vie radicalement donnée. Sans quoi, c’est une vie prise, une vie de consommateur. Aucun chrétien ne devrait se trouver dans cette catégorie. Mais comment peux-tu faire ? En étant toi-même l’exemple d’une vie donnée, en ayant renoncé à la vie bourgeoise et mondaine.
Ne serait-ce pas un appel à la sainteté ? Un saint est 1/ une personne en relation avec Dieu, 2/ qui a mis Dieu en premier dans sa vie – non comme un slogan mais comme une réalité – et 3/ qui a conformé sa vie à la volonté du Père en devenant une personne « donnée ». Au fond, un chrétien ne l’est pas s’il ne cherche ni n’entretient de relation personnelle avec Dieu, s’il ne scrute pas dans sa vie la présence agissante de la Trinité sainte, s’il ne se rend pas présent à la Présence de Dieu.
Es-tu un modèle d’homme stable et donné à ta femme ? à tes enfants ? Et dans ta vie professionnelle, te comportes-tu comme les autres ou peuvent-ils dire que tu es différent ? Que devrais-tu arrêter ? que devrais-tu démarrer ? Cher lecteur, je t’en supplie, ne balaye pas ces questions comme on zappe d’une chaîne à une autre ou qu’on scrolle son smartphone pour passer à une autre « story ». Je t’en prie, arrête-toi un instant et ferme les yeux.
Arrête-toi, ici, tout de suite, où que tu sois, maintenant, sans attendre. Relis ces questions et réponds-y. Sinon, réponds au moins à cette question : « Que cherches-tu ? »… Meublerais-tu un silence intérieur que tu appréhendes ? A quelle tentation fais-tu face ?
Saint Joseph, tu l’as compris, est un modèle de paternité autant que de sainteté. Tu es appelé à la même grandeur, la même force, la même vérité. Cela ne se fera pas sans toi.
Pour aller plus loin : voir le site de l'association Au coeur des hommes
Tu veux honorer saint Joseph ? Découvre la statue de Saint Joseph sculptée par Bertrand et son travail de recherche
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