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[LE PORTRAIT DU RASSO] Interview de François d'Aligny, repreneur d'entreprise

10 novembre 2020 Vie professionnelle

François, tu as été dirigé travaillé dans plusieurs PME ces dernières années, pourrais-tu nous en dire plus sur ton parcours professionnel ?
Pour commencer, je voudrais remercier LE RASSO pour l’opportunité qui m’est proposée de présenter ici mon projet de recherche d’une PME à reprendre.
Après des études d’ingénieur pétrolier, j’ai commencé ma carrière dans une PME, Maurel & Prom, qui m’a envoyé en rotation au Gabon pendant quelques années, entre chantiers dans la jungle et bureaux à Port-Gentil. Je me suis ensuite marié, et nous nous y sommes installés en famille pendant un an avant de déménager vers la Tanzanie, où nous sommes restés 2 ans, puis revenus au Gabon pendant, là encore, 2 ans.
C’est à cette époque que j’ai commencé à réfléchir à la meilleure façon de revenir sur ce tiraillement « repreneurial » que j’avais au fond de moi. Nous avons finalement décidé de rentrer en France il y a 2 ans pour préparer cette transition.
Après un an de formation à la reprise et direction d’entreprise, et la naissance de notre 3ème enfant, je suis maintenant lancé dans la recherche de cette entreprise dont le dirigeant cherche aujourd’hui à l’extérieur une solution de transmission, faute d’un candidat dans son environnement proche.
 
Fort de ton expérience dans ce domaine de directions diverses en PME, tu souhaites désormais prendre la suite d’un dirigeant d’entreprise désirant passer le flambeau. Pourquoi un tel projet ? Qu’est-ce que cela représente pour toi ? Quels sont tes objectifs ?
Ce projet trouve ses racines dans un environnement familial entrepreneurial, après un père, un grand-père, un arrière-grand-père repreneurs de PME, puis il s’est affiné lors de mes expériences scoutes et professionnelles.
Ce projet représente pour moi l’aboutissement d’une aspiration de long terme, et la conclusion d’une phase de préparation conjointe de différentes facettes de ma vie jusqu’à ce jour (contexte familial, formation humaine et managériale comme routier et chef, vie professionnelle sur des chantiers industriels, réalisation de sa vocation propre dans le mariage). Ce projet de reprise de PME…
  • C’est l’envie, comme dans mes différents services scouts, de m’engager pour contribuer au développement d’un projet d’équipe qui permette à chacun d’y grandir individuellement.
  • C’est l’envie de proposer une continuité managériale qui valorise l’histoire et les valeurs insufflées par le dirigeant historique.
  • C’est l’envie d’engager une entreprise et ses équipiers dans une vision ambitieuse qui permette à tous de développer ses talents.
  • C’est enfin l’envie de diriger ma vie pour être fidèle à ma Promesse en travaillant à établir le règne du Christ dans toute ma vie et dans le monde qui m’entoure.
 
Tu es un ancien scout d’Europe, quel a été ton parcours dans le scoutisme ?
J’ai été louveteau et scout chez les SUF et les Scouts de France, puis routier et assistant chez les Scouts d’Europe à Saint-Etienne. J’ai tout de suite été passionné par la vision pédagogique très unie et complète des Scouts d’Europe, et j’ai passé mes 2 CEP et me suis inscrit au MacLaren.
J’ai ensuite été CT à Paris, mission que j’ai dû interrompre à regret lors de mon départ en Afrique. Je l’ai remplacée en m’engageant dans l’équipe Cimes et Raiders, puis ensuite dans l’équipe Europe & International. J’ai aussi servi comme ACDE et dans des maîtrises de CEP. Mais la distance a rendu ces services difficiles et j’ai finalement arrêté en attendant de pouvoir reprendre du service à mon retour en France.
 
Ayerma, nom que tu as donné à ton projet « d’ent-repreneur » comme tu aimes à le qualifier, se lance également grâce à l’entraide et la fraternité d’autres entrepreneurs. Pourquoi as-tu voulu être ainsi entouré, n’y a-t-il pas une façon « typiquement scoute » de « compter les uns sur les autres » ?
Ayerma est un mot qui dérive du prénom de mes enfants. J’ai voulu ainsi illustrer la vision de long terme que je voudrais porter dans ce projet repreneurial, qui est véritablement un projet de vie et non une simple étape professionnelle.
Mais ma vraie différence avec d’autres repreneurs, c’est effectivement cette équipe d’entrepreneurs expérimentés qui s’est engagée à mes côtés pour m’aider à cofinancer la reprise, mais aussi et surtout pour partager leurs conseils dans ma nouvelle vie d’ent-repreneur.
Il y a plusieurs parallèles intéressants avec l’expérience scoute dans cet accompagnement :
  • Tout d’abord cette dimension d’équipe, qui valorise la réflexion de groupe et l’expérience multiple au service d’un projet commun. C’est le constat que seul on va plus vite, mais à plusieurs on va plus loin.
  • Il y a ensuite la bienveillance fraternelle. Cette équipe d’entrepreneurs, ce sont des personnes que j’ai choisies et invitées, et elles se sont engagées parce qu’elles croient à cette reprise et pensent pouvoir y contribuer en partageant leur expérience entrepreneuriale. Comme deux scouts se reconnaissent frères, il existe une fraternité entre les entrepreneurs en général, mais cette fraternité s’exprime particulièrement dans notre équipe, comme elle le fait dans une patrouille.
  • Il y a enfin cet engagement de coaching, de mentoring, qui peut faire écho à la transmission des savoirs par les plus expérimentés qu’on observe dans les patrouilles.
Ce sont ainsi formellement près de trois cents ans d’expérience en direction d’entreprise dans des secteurs très divers et dans plusieurs pays que j’amène avec moi et qui bénéficieront à l’entreprise qui sera finalement reprise et à ses salariés.
 
Le scoutisme est une véritable école de management et de leadership. Comment t’es-tu appuyé sur ton expérience scoute dans ces domaines, ou dans d’autres, dans tes différentes expériences de dirigeant ?
Comme je l’ai dit précédemment, j’ai véritablement été passionné par la vision éducative proposée par les Guides et Scouts d’Europe. On pourrait parler de « moment Harry Potter » (quand il découvre l’existence du monde de la magie). Ce moment je l’ai vécu à deux reprises, notamment lorsque j’ai compris en profondeur le projet pédagogique de l’AGSE il y a 15 ans.
Beaucoup de sujets qui relevaient de l’intuition jusqu’alors ont trouvé leur place dans une image d’ensemble parfaitement cohérente et logique, depuis la finalité donnée à la formation d’un routier depuis l’âge louveteau (visible dans les textes des cérémoniaux), aux différents buts qui s’articulent pour dessiner l’image complète d’une personne.
Mes différentes expériences de dirigeant se sont ainsi construites sur une confiance a priori, l’envie sincère d’aimer mes collaborateurs (notamment au sens de ‘vouloir leur bien’), une organisation subsidiaire avec une grande autonomie individuelle valorisant les prises d’initiatives et la responsabilité, et une disponibilité complète pour chacun.
 
En tant qu’entrepreneur, il est essentiel de développer un réseau professionnel. En quoi ton propre réseau scout et maintenant LE RASSO peuvent t’aider dans ton projet ?
De nombreuses étapes de notre vie sont franchies par l’intermédiaire de nos réseaux, que ce soit au niveau professionnel ou personnel, que ces réseaux soient formalisés ou informels. Les lecteurs des Signe de Piste se souviendront peut-être à cet égard de la fameuse citation de François Mauriac : « Nous méritons toutes nos rencontres. Elles sont attachées à notre destinée et ont une signification qu'il nous appartient de déchiffrer. »
Le réseau scout par exemple, me semble particulièrement pertinent pour une recherche d’emploi, pour ma part, je regarde toujours le bas d’un CV avant la partie « Formations » ou « Expériences professionnelles » pour y chercher une éventuelle expérience scoute.
Les compétences interpersonnelles, les « soft skills », sont de plus en plus importantes dans un monde de plus en plus technologisé. L’expérience scoute forgée au sens du concret, de l’autonomie et de l’effort, du beau et de l’imagination, et du collectif me semble une excellente préparation pour un développement personnel et une carrière professionnelle réussies quel que soit le type de secteur.
En ce qui me concerne, je crois que LE RASSO peut me permettre d’être mis en contact avec des dirigeants qui se reconnaîtront dans mon projet et qui auraient envie de faire mieux connaissance car ils sont eux-mêmes en recherche d’une solution de transmission pour leur entreprise et leurs salariés.
Cette fraternité qui nous unit au-delà des générations s’appuie sur des valeurs et une vision commune et peut être le point de départ d’une belle histoire collective au service du bien commun.
 
Que diriez-vous aux jeunes qui se lancent dans l’entreprenariat ?
Je crois profondément que l’entrepreneuriat est une aventure magnifique qui prolonge très naturellement l’expérience de chef et correspond à la nature profonde de beaucoup d’entre nous, même si la crainte de l’échec ou l’attrait d’une simili-sécurité dans un contrat de travail peuvent nous en détourner.
Il y a évidemment un vrai discernement personnel nécessaire, pour s’assurer qu’on a bien compris dans quoi on se lançait. Mais il me semble que ceux qui s’en sentent l’envie devraient y voir une forme d’appel à co-construire encore plus activement le monde confié par Dieu, y a-t-il plus belle vocation ?
 
 



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