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[Le Mot du Padre] Traversée du désert… par le Père Erwan de Kermenguy
Traversée du désert…
Nous venons de vivre des semaines inédites… nous savons que les mois à venir vont être particulièrement difficiles, du point de vue économique, politique, sociale… difficiles aussi pour nos frères et sœurs guides et scouts, à commencer par les camps d’été (ces camps dont nous savons combien ils nous ont fait grandir et qu’ils se préparent à vivre de façon peu commune !) La première lecture de ce dimanche, nous rappelle la « traversée du désert » vécue par le peuple d’Israël.
« C’est Dieu qui t’a fait traverser ce désert,
vaste et terrifiant,
pays des serpents brûlants et des scorpions,
pays de la sécheresse et de la soif.
C’est lui qui, pour toi, a fait jaillir l’eau
de la roche la plus dure. »
Nous aussi nous traversons un désert, désert de nos relations sociales, désert spirituel parfois, désert d’un avenir incertain… Mais nous savons aussi combien c’est dans le désert que Dieu rencontre son peuple. Nous le savons par l’expérience biblique. Dieu conduit son peuple au désert pour le retrouver. C’est, paradoxalement, dans ce lieu de la mort, que le peuple reçoit la vie… parce qu’alors il est dépouillé de ses fausses sécurités. Nous le savons aussi par notre expérience scoute… le raid, l’explo, le pèlerinage… et le camp en général sont autant d’occasions de mesurer nos fragilités. Parce que nous avons faim ou soif, parce que nous avons mal dormi… parce que nous n’avons plus auprès de nous tant de gadgets qui meublent notre quotidien. Et c’est dans ce lieu que Dieu a fait jaillir pour nous l’eau de la roche la plus dure. C’est parfois littéralement vrai… souvenez vous d’une fontaine croisée sur une place de village en explo où on se rafraichit joyeusement ! Je me souviens aussi de ces sœurs qui en route d’été, en pleine canicule, nous ont accueillis à l’improviste et nous ont offert… de vraies douches (confort inespéré pour des routiers suants et poussiéreux !) Mais c’est surtout vrai au sens spirituel. Après avoir grimpé jusqu’à une chapelle sur une colline, après s’être levé à 2h du matin pour une nuit d’adoration, après avoir vaincu son orgueil pour demander pardon… nous avons rencontré Dieu. Il était là, mystérieusement dans notre désert. Chacun de nous peut mettre ses propres mots, ses souvenirs, sur ces expériences où Dieu était présent dans son désert. Il était là aussi inattendu que l’eau qui jaillit de la roche ! Il était là, bienfaisant.
Il est bon de faire ce travail de souvenir (ce mémorial, si essentiel à la liturgie juive et à notre liturgie chrétienne). Cela nous permet d’acquérir une « sagesse du désert ». De même qu’il y a des points de repères dans tout camp d’été (les installs, l’explo, le grand-jeu, le concours cuisine)… avec leur lot d’erreurs qu’on apprend à ne plus faire ou d’astuces que l’on tient de ses aînés (mettre du bois au sec sous la tente pour pouvoir allumer un feu même s’il pleut demain)… de même il y a des points de repères dans la vie spirituelle. Et la sagesse (biblique) du désert en fait partie. Connaître les déserts que nous avons traversé et y reconnaître la présence de Dieu, est essentiel pour la traversée du désert que notre pays (et le monde entier) doit vivre en ce moment. Nos frères et sœurs ont besoin de pouvoir s’appuyer sur la sagesse du désert. Comme citoyens (« fidèle à sa patrie, le scout est pour l’Europe unie et fraternelle »), nous avons notre place à tenir dans le monde. Et cette place est celle de chrétiens, témoins de l’espérance ! A nous de savoir guider nos frères, en ce pays des serpents brûlants et des scorpions, vers l’eau que Dieu fait jaillir aujourd’hui encore de la roche la plus dure !
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