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Des mots pour honorer la vie - Le Mot du Padre, par le père Jean-Baptiste Perche
Alors que nous sommes en plein milieu de la période estivale, nous avons dû cette semaine nous laisser à nouveau interpeller par le grave sujet pour notre société et la vie de la nation de la révision de la loi de bioéthique. Si nous avons pris le temps de le lire, ce projet a bien-sûr de quoi alerter, voire choquer et nombreuses ont été les voix à s’élever ici ou là, avec celles de nos évêques, pour témoigner de tout ce que ce texte va assurément bouleverser. Mais au fond qu’est-ce qui nous émeut tant ? Avons-nous pris le temps de nous le formuler personnellement ? Car outre ce que le texte veut permettre pour la manipulation du génome humain et le tri d’ovocytes avant une éventuelle implantation, ce qui marque nos consciences n’est-il pas davantage l’institution délibérée pour des enfants à naître de l’occultation de la personne et de la figure de leur propre père ? Mais pour entrer en dialogue, devons-nous pas d’abord nous l’exprimer ?
« Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. » Ex 20, 12. Intérieurement, le Décalogue nous avertit de la gravité de ce qui est envisagé par le projet de loi. Car si la privation symbolique et a priori du père pour un enfant qui doit voir le jour nous semble représenter un contre-sens civilisationnel, il nous faut aussi aller plus loin, à la racine même de ce qu’il peut atteindre en nos consciences de proprement moral. Dans le quatrième commandement, il y a en effet la préservation de la vie dont Dieu seul est l’auteur et, qui l’accorde comme un don que le peuple d’Israël doit apprendre patiemment à préserver dans ses générations. Honorer ses parents c’est en fait chercher à honorer sa propre histoire et donc son identité et ses racines personnelles comme sa descendance, le don de sa propre vie en somme. Ce qui en conscience nous offense c’est donc que certains puissent délibérément vouloir priver d’autres, plus faibles car encore sans voix, d’apprendre à reconnaître entièrement le don qu’est leur propre vie, pour simplement durer, se construire !
Mais le projet de loi de bioéthique n’atteindrait-il pas également jusqu’à notre foi ? Le pape François, dans une encyclique sur la foi que Benoit XVI avait commencée à rédiger nous écrit que la révélation du Décalogue est la suite logique de la libération du peuple de la servitude d’Egypte, un chemin de confiance nouveau qui est mis devant lui pour l’aider à reconnaître Dieu comme sauveur et à le servir. Pour nous croyants, ces dix paroles résonnent bien comme une voie de décentrement et de rencontre avec le Dieu vivant qui sauve. « Le Décalogue, dit François, n’est pas un ensemble de préceptes négatifs, mais des indications concrètes afin de sortir du désert du « moi » auto-référentiel, renfermé sur lui-même, et d’entrer en dialogue avec Dieu, en se laissant embrasser par sa miséricorde et pouvoir en témoigner. » (Lumen Fidei § 46). Ce projet de loi peut donc nous heurter parce qu’aveuglément, il prétend vouloir offrir un progrès à la société? Il n’est en réalité que possibilité technique offerte, et alors qu’aux yeux de la foi, le véritable progrès réside dans la promotion de tout ce qui peut permettre à une personne de rencontrer Dieu ; c'est reconnaître Ses dons, pour se donner à Lui en retour.
Comme la croix du Baussant fend la ténèbre sans être aucunement abîmée par elle, laissons nos témoignages, nos lettres à nos députés, nos tentatives et nos prières monter vers le ciel pour aider chacun à rejeter le secret culte du replis sur soi et à prendre librement conscience de tout ce que Dieu dans son éternité donne et promet.
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