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Le « Bore-out », le cousin méconnu et peut être plus répandu du « Burn-out »
On entend parler du burn-out (ou syndrome d’épuisement professionnel) qui est un état d’épuisement moral et physique empêchant le travail. Il se caractérise par l’absence de motivation, par des sautes d’humeur ou de l’irritabilité, par un sentiment de frustration ou d’échec, un manque de confiance, des difficultés de concentration... Physiquement on peut éprouver une fatigue intense, des douleurs diverses, des maux de tête, un sommeil de mauvaise qualité, des problèmes de peau ou de poids. Il s’installe progressivement et suit quatre phases que l’on peut résumer ainsi[1] :
- La phase d’engagement ou la personne est plus engagée que la moyenne dans son activité
- La phase de sur-engagement ou le travail prend toute la place sur la vie personnelle
- La phase de résistance où la personne nie son surmenage et s’acharne
- La phase d’effondrement ou la personne est dans l’incapacité de se concentrer. La « machine » ne répond plus et l’estime de soi est anéantie.
Moins médiatique que son cousin, le « bore-out » représente une vraie souffrance au travail. Environ 30 % des salariés disent s’ennuyer au travail, ce phénomène est donc potentiellement massif. Tout comme le Burn-out, c’est un syndrome d’épuisement professionnel mais si le burn-out est causé par un excès de travail, le bore-out est au contraire lié à une sous exploitation des compétences, à de l’ennui. Parce que je m’ennuie profondément au travail, je vois ma santé psychologique se dégrader. Les conséquences sont assez similaires au burn-out et on peut lister la perte de moral, le mépris de soi, la dépression et l’inemployabilité. On 5 causes possibles :
- L’absence ou le manque de travail
- Des tâches ennuyeuses et répétitives
- La surqualification qui induit un manque de stimulation
- L’absence de perspectives professionnelles et d’évolutions
- Le manque de reconnaissance
Les premiers symptômes du bore-out sont les sentiments de démotivation, d'anxiété, d'isolement, de culpabilité et de tristesse. Ces symptômes peuvent ensuite déborder sur la sphère privée, ce qui entraine une perte d'estime de soi.
Comment sortir de ces cycles de burn-out ou de bore-out ?
Je vous propose de démarrer notre réflexion par la théorie des attentes de Victor Vroom que je résumerais de la façon suivante. Notre motivation dépend de trois éléments :
- La capacité que nous avons à effectuer notre travail. Les moyens mis à notre disposition sont-ils suffisants et cohérents pour nous permettre de faire les tâches qui nous sont demandées ?
- La rétribution que je peux obtenir en fonction de la performance. Si je suis performant, ai-je une récompense ou est-ce que quoi que je fasse, j’aurais la même rétribution ?
- La valeur que nous accordons à cette récompense.
Je vous propose ce point de départ car le manque de moyen ou le manque d’intérêt sont des facteurs qui favorisent le bore-out. Si je m’arrête ici, il y a un risque important car nous pourrions déduire de mon propos une dévalorisation systématique d’un certain nombre de métiers administratifs ou de la fonction publique qui manquent parfois de moyens ou qui ne prennent que peu en compte la performance dans leurs systèmes de rétribution ou de récompense. Je vous invite à explorer la troisième idée de Vroom pour penser la notion de valeur accordée à ma tâche et à l’importance que je lui donne. La bonne question serait ainsi de se protéger du bore-out en questionnant le pourquoi de mon activité. Quand je travaille, qu’est-ce que cela m’apporte ? Est-ce que mon cadre de travail est bénéfique pour moi ? Est-ce que mon écosystème professionnel est écologique pour moi ? Ces critères, ces valeurs qui nous constituent, ces façons de faire qui nous correspondent peuvent se découvrir à l’aide de différentes approches de « développement personnel » ou différents modèles de personnalité. Selon vos goûts et vos approches, vous pouvez aller vous redécouvrir via la Process Communication, le MBTI ou l’ennéagramme pour n’en citer que trois. Vous comprendrez peut-être mieux ce qui fait que dans telle entreprise ou tel métier, vous vous êtes épanouis alors que peut-être la même fonction dans une autre entreprise a été une source d’ennui profond. Nous pourrions ainsi considérer toute activité dans une vision plus large et même si ma rétribution ne dépend pas de ma performance, mon métier ou mon entreprise ont peut-être une valeur extrêmement importante à mes yeux.
L’attention portée au bore-out met en lumière la nécessité de la prise de conscience de notre fonctionnement personnel. Cette prise de conscience dépasse le cadre professionnel pour mettre en lumière vos capacités dans tous les aspects de votre vie.
Si malheureusement vous êtes déjà dans une situation de burn-out, de bore-out ou de dépression, cette prise de conscience est une étape essentielle de votre reconstruction qui vous permettra de redémarrer avec un fonctionnement plus équilibré. Cette prise de conscience vous permettra ainsi de voir cette période de votre vie comme un moment d’apprentissage où vous avez eu l’opportunité de mieux comprendre comment prendre soin de vous afin de pouvoir vous donner aux autres. On pourrait ainsi considérer que cet ennui, ce bore-out, peut être révélateur de la non prise en compte de mes besoins psychologiques dans mon cadre de travail. Mon activité est-elle en accord avec mes valeurs, avec ce qui est important pour moi, avec qui je suis ou avec mon fonctionnement particulier ? C’est dans l’alignement de ce que l’on est avec ce que l’on fait que l’on peut mettre en place un cadre professionnel et personnel qui nous permettra de nous développer et de déployer tout notre potentiel.
>> A lire aussi : Donner du sens à son travail ?
[1] Il y a débat entre les spécialistes sur le nombre de phases au burn-out et sur les noms qu’on leur donne mais quelle que soit l’approche, l’idée générale reste la même.
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