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La douceur : une faiblesse ou une force ? par Bérengère de Charentenay
Contrairement à ce que l’on peut penser, la douceur est une force, à utiliser sans modération dans nos relations humaines et particulièrement dans nos unités. Elle permet d’être patient, bienveillant et conciliant avec les autres. Elle peut être associée à la modération et la tempérance. Un étalon fougueux et sauvage demande à être dompté : toute sa vivacité et sa vigueur sont déployées mais canalisées et orientées au service de la délicatesse et du respect. C’est ce qu’on appelle la maitrise de soi.
Etre doux avec soi-même
Pour servir les autres, on n’est jamais mieux servi que par soi-même : la douceur commence donc vis-à-vis de moi-même et est source d’apaisement. Il est bon d’écouter ses propres blessures avec douceur : est-ce que je les accueille ? Ou est-ce que tente de les étouffer à la force du poignet ?
De même soyons doux par rapport à nos imperfections, nos faiblesses, les offenses que nous pouvons faire aux autres. La douceur est très loin du mépris pour soi-même. Selon Robert Scholtus;[1]François de Sales exerce et préconise une pédagogie du « doux effort » qui permet, sans céder au volontarisme de parvenir à cet « allègement » que procure une douce et sainte confiance en Dieu ». Est-ce que je fais preuve d’indulgence vis-à-vis de moi-même ? Est-ce que je me maltraite avec des mots durs de type « je suis nul » ? Tel un père, est ce que je m’adresse des reproches avec douceur et bienveillance ?
La douceur est aussi importante pour ne pas blesser notre corps : la pratique du sport à outrance, les addictions… Est-ce que je maltraite mon corps avec des expérimentations ?
Suis-je un porteur de douceur ?
Nous savons dans le scoutisme l’importance de l’exemplarité. Comment en tant que chef, en tant que parents, nous éduquons-nous à la douceur ? La formation du caractère passe aussi par la douceur. La douceur apaise les tensions. La douceur est affaire de sagesse et non de résignation.
Comment vivons-nous la douceur entre nous ? Est-ce que je favorise la paix dans nos relations ? Ai-je besoin d’être dur pour imposer mon autorité ?
« Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes » (Mt 11, 29)
Quatre clés au service de la douceur
- Développer son estime de soi et sa confiance en soi. Si je suis assez solide, je n’ai pas besoin d’imposer violement mon autorité. Je sais que cette autorité liée à l’éducation est là pour faire grandir l’autre. Si je ne suis pas ajusté, je ne me sens ni légitime, ni compétent… Le recours à la violence semble alors plus facile.
- Est-ce que ma demande vis-à-vis de l’autre est claire, est ce que le cadre est posé ? Ce sont des remparts pour permettre à la douceur de circuler.
- Suis-je connecté à ce qui se passe en moi ? Si j’ai une colère, une déception, il est bon de l’accueillir pour l’exprimer avec douceur.
- Ai-je un regard bienveillant vis-à-vis de l’autre ? Suis-je dans le jugement ? Le Pape François nous dit que « c’est le règne de l’orgueil et de la vanité, où chacun croit avoir le droit de s’élever au-dessus des autres. Néanmoins, bien que cela semble impossible, Jésus propose un autre style : la douceur. « Mettez-vous à mon école, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez soulagement pour vos âmes » (Mt 11, 29)… Si nous regardons leurs limites et leurs défauts avec tendresse et douceur, sans nous sentir meilleurs qu’eux, nous pouvons les aider »[2]
Une manière d’être
La douceur peut s’exprimer de diverses manières.
- A travers la parole : Quels sont les mots que j’utilise, le ton, l’intonation lorsque je m’adresse aux autres ? Est-ce que mes paroles en sont enveloppées ? Entre patrouillards et petits loups, sommes-nous durs entre nous ou au contraire bienveillants ?
- A travers le regard : Est-ce que le mépris, la méfiance se lisent dans mon regard ? ou la joie, la curiosité bienveillante de rencontrer l’autre.
- A travers les gestes : Est-ce que mes gestes sont délicats ou suis-je brusque ? Est-ce que je mets de la distance, je ne laisse passer aucune affectivité ?
« Heureux les doux, car ils possèderont la terre ».
La douceur nous est recommandée par le Christ lui-même ! « Les doux « possèderont la terre », autrement dit, ils verront accomplies, dans leurs vies, les promesses de Dieu. Et jouiront d’une grande paix (cf. Ps 37, 9.11). En même temps, le Seigneur leur fait confiance : « Celui sur qui je porte les yeux, c’est le pauvre et l’humilié, celui qui tremble à ma parole » (Is 66, 2). Réagir avec une humble douceur, c’est cela la sainteté ! » [3]
« Celui sur qui je porte les yeux, c’est le pauvre et l’humilié, celui qui tremble à ma parole » (Is 66, 2)
Celui qui est doux hérite de ce que les guerriers imaginent conquérir dans la violence par la force, l’argent, la séduction, l’autoritarisme. François de Sales nous invite à voir la douceur comme « la fleur de la charité ».
Les vacances approchent. Pourquoi ne pas expérimenter la douceur durant ce temps. Qu’est-ce que nous décidons de mettre en place pour intégrer plus de douceur dans notre quotidien ? Un sourire, un bonjour, un désaccord exprimer avec bienveillance, une autorité plus ajustée… ?
>> Du même auteur : Donner et recevoir, demander et refuser, 4 verbes à conjuguer pour une relation saine
[1] Prêtre diocésain. Auteur notamment de Promesse d’une ville, Arléa, 2012. Extrait de l’article : https://www.cairn.info/revue-etudes-2012-11-page-521.htm#no3
[2] Pape François, Gaudete et exsultate - Exhortation apostolique sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel (19 mars 2018)
[3] Pape François, Gaudete et exsultate - Exhortation apostolique sur l'appel à la sainteté dans le monde actuel (19 mars 2018)
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