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Série "La Loi scoute au quotidien" - Article 1 "Le scout met son honneur à mériter confiance."
Introduction à la série "La Loi scoute au quotidien", une série à destination des anciens ayant prononcé leur Promesse il y a 5, 10 ou 20 ans !
Pour tous les anciens du mouvement, notre Promesse est parfois loin et pourtant, nous nous sommes engagés pour y être fidèles tout au long de notre vie et par la même à respecter la Loi scoute. Cet engagement exigeant nous l’avons parfois oublié, parfois négligé ou au contraire y sommes-nous le plus fidèle possible et ne comptons pas nos efforts pour le respecter. Quelle que soit notre situation personnelle, familiale, professionnelle, la Loi scoute est un chemin de vie et de progression sur laquelle la communauté du RASSO et tous ses membres peuvent nous guider.
A travers cette série d’articles destinés aux anciens qui ont quitté le mouvement, nous proposons de comprendre, de retrouver le sens de chaque article de la Loi scoute, en quoi ils nous engagent et comment, dans notre vie quotidienne, nous pouvons y être fidèles.
Article 1 : "Le scout met son honneur à mériter confiance"
L’honneur et la confiance, des notions si essentielles que la Loi nous les présente dans son tout premier article
Dans le dictionnaire Larousse, on apprend que l’honneur est un « ensemble de principes moraux qui incitent à ne jamais accomplir une action qui fasse perdre l'estime qu'on a de soi ou celle qu'autrui nous porte ». L’honneur est donc lié à l’estime de soi, à l’image que l’on porte de soi-même ainsi qu’à celle que les autres nous renvoient. Nous pourrions dire qu’il est en quelque sorte de code moral que l’on suit dans le but de rester fidèle à soi-même.
Pour quelqu’un qui prétend entretenir en lui l’âme scoute, il est tout à fait capital de rester digne de confiance. Comme la Loi scoute dans son article premier nous l’affirme, la fiabilité fait partie intégrante du code moral personnel d’un scout. L’honneur et la confiance sont donc intimement reliés l’un à l’autre. Ainsi, à ses propres yeux comme devant ceux des autres, un scout s’efforce de rester une personne sur qui l’on peut compter, c’est pour lui une question d’estime personnelle, d’amour propre même. Ces notions sont si importantes pour nous que la Loi nous les présente dans son tout premier article.
Faire confiance et mériter confiance
Nous avons dit à quel point la confiance était centrale dans le code moral scout et si nous avons un jour vécu en sizaine, en patrouille ou en maitrise, nous savons que sans elle, rien ne peut s’entreprendre ni se vivre facilement. Et nous savons aussi que la confiance appelle la réciprocité car la confiance que je reçois de quelqu’un ne peut avoir de réel sens si je n’accorde pas une confiance réciproque à cette personne en retour. Les camps auxquels nous avons participé ont été pour nous des écoles de vie à l’occasion desquelles nous avons à la fois compris la nécessité de faire confiance à d’autres, en apprenant pour cela l’estime de leurs qualités et la sage mesure de leurs défauts, et ainsi à consentir à agir à leur côté dans les actions les plus grandes comme les plus humbles afin de mériter d’eux la confiance qui permet de se donner.
Ainsi, nous avons appris à faire confiance mais nous avons aussi appris à mériter confiance. C’est d’ailleurs en cela que le scoutisme est un véritable mouvement d’éducation car il appelle à ne jamais considérer la confiance accordée comme un dû mais bien comme un don, reçu et donné au gré des entreprises et des expériences de la vie et de la maturité qu’elles peuvent conférer. Je conseille toujours aux maîtrises que j’accompagne de faire des choses ensemble à côté de leur engagement dans le mouvement afin de développer des liens fraternels d’estime mutuelle et d’éprouver gratuitement ce que peut signifier « se reposer l’un sur l’autre » dans un groupe. C’est d’autant plus important lorsqu’une maîtrise vient à peine de se former.
Mériter confiance, un chemin d’humilité
Comme nous venons de le dire, le préalable à la confiance est la gratuité. Pour faire confiance ou bien encore mériter la confiance des autres, je dois accepter de ne rien retirer pour moi-même de ma présence auprès d’eux. Le jeune indique au moment de sa promesse qu’il ne retire aucun avantage à devenir scout ou guide, c'est-à-dire que le scoutisme le fait entrer dans un mode de présence aux autres qui est d’abord fondé sur la gratuité de ses rapports et de sa Foi et non sur ses talents ou capacités propres. C’est bien la gratuité, qui s’acquiert dans le décentrement de soi-même, qui donne au jeune l’image de quelqu’un qui semble être disponible pour tout, et pour tous, ouvert à toute forme de service ou d’entreprise. Une telle personne est alors bel et bien digne de confiance, ses dons et capacités sont promis à une croissance certaine dans la mesure où rien n’arrête a priori le don qu’il veut faire de lui-même.
Mériter la confiance des autres n’est en effet pas simple. Cela suppose une vraie conversion du cœur : celle d’accepter toute forme de service à accomplir même si je dois pour cela me laisser confronter à mes propres dégoûts ou faiblesses. C’est aussi accepter d’être disponible pour toute collaboration, quelle que soit la personne… Si l’on se dit que je ne suis pas d’emblée disponible pour tout faire et avec tout le monde, on risque d’hésiter un peu avant de m’accorder confiance et d’oser me demander quelque-chose. Il est toujours difficile de repérer et de lever les résistances qui me séparent des autres. C’est en recourant à la Grâce que nous pouvons les repérer et à les combattre. « Pour les hommes, c’est impossible, mais pour Dieu tout est possible. » dit Jésus à ses disciples (Mtth 19, 26) pour leur expliquer comment passer la porte étroite qui mène au Royaume.
Un appel à la conversion profonde
Ce premier article de la Loi plante le décor de la conversion profonde à laquelle toute la vie scoute invite. Insérer la fiabilité personnelle inconditionnelle dans le code d’honneur d’un scout ou d’une guide lui ouvre la voie du décentrement de soi et la gratuité qui permettent de se tourner délibérément vers autrui. La nécessité morale de travailler intérieurement sa disposition à la gratuité dans le service ainsi que l’attention morale et spirituelle colore considérablement la vie scoute. C’est d’ailleurs une des caractéristiques de l’élan fraternel qui unit les différents scouts à travers le monde.
La compréhension de cet article nous met en contact avec les racines ignaciennes de la spiritualité du mouvement. Saint Ignace décrit bien la nécessité d’une forme d’indifférence aux choses du monde qui permet de rester disponible pour accomplir la volonté de Dieu. Ainsi, je peux d’abord envisager de mettre en pratique cet article dans ma vie de Foi et plus spécifiquement dans mon rapport aux appels que Dieu m’adresse. Je voudrais bien entendre l’appel de Dieu, je voudrais bien collaborer réellement à ce qu’il veut mais tout d’abord, je dois me poser la question de savoir si je suis bien indifférent à tout, c’est-à-dire vraiment disponible, sans résistance ni filtre pour entendre sa volonté. Il y a ici un préalable à l'issu duquel nous pourrons entrer l’un et l’autre dans une relation de confiance mutuelle, dans la mesure où j’aurais acquis dans la Foi - c'est-à-dire dans la confiance et la Paix venant de Lui - la liberté intérieure qu’il donne pour vraiment considérer et choisir paisiblement l’orientation qu’il propose.
S’engager concrètement et quotidiennement
Cet article a bien évidemment une implication dans le domaine professionnel. Dans ma vie professionnelle, suis-je en fait disponible pour accomplir pleinement et droitement tout ce que mon métier exige ? En tant que scout, mon honneur se fonde aussi dans ma disposition à tout faire de ce que ma profession exige, c’est ce qu’on peut appeler la connaissance déontologique, et à le faire avec rectitude, ce qui rejoint la notion d’éthique professionnelle. Et si jamais mon métier pouvait m’entrainer à agir en opposition avec la loi morale qui émane de ma Foi, mon honneur résiderait dans le fait de toujours savoir anticiper ces conflits et d’aller rechercher la sagesse aidant à les dépasser en restant bien fidèle à Dieu. C’est de cette façon qu’un scout travaille pour mériter la confiance de ses collaborateurs ou de ses clients : selon qu’il se tient prêt à agir en tout, pour tout, en vertu du bien et du vrai et dans un don complet de sa personne. Sans filtre ni résistance.
Dans le domaine personnel, cet article invite à devenir un ami sur qui l’on peut compter, un homme ou une femme qui voudra sans cesse cultiver la gratuité dans ses rapports afin que la confiance qu’on lui accorde grandisse et puisse toujours être remise en jeu en vue du bien de tous. Le scout ne doit pas avoir peur de grandir humainement et spirituellement, il sait que ses liens avec autrui seront à refonder continuellement dans une plus grande confiance afin de lui permettre d’offrir un plus grand don de lui-même.
J’ai vue des éducateurs (chefs ou cheftaines), moi y compris, être plongés dans un très grand désarroi parce qu’un scout en qui nous avions placé notre confiance n’avait pas été à la hauteur des exigences qu’on lui avait posées ou qu’il avait finalement fait preuve de duplicité dans une action, disant une chose mais en faisant une autre. Ceci nous attriste toujours et il faut aller trouver dans la prière et le conseil la force d’aller refonder la confiance mal placée ou perdue. Ces moments sont alors l’occasion d’aller forger un regard plus ajusté sur la vie d’un enfant ou d’un adolescent qui nous est confié, pour replacer notre confiance au niveau réel de ses capacités et de l’état d’ouverture de son cœur. C’est aussi l’occasion d’un rappel personnel au décentrement dont nous parlions plus haut, parce qu’il nous arrive parfois, sans toujours nous l’avouer, de préférer un jeune à un autre ou, par peur, de le dénigrer, sans nous dire vraiment pourquoi. Dans ces moments, l’article premier de la Loi doit me rappeler à Dieu, au pardon qu’il accorde, qui illumine et libère le regard et m’aide ainsi à avancer sur la voie de la sainte indifférence d’Ignace qui donne d’être tout à tous. Il n’y a rien de plus évangélique de voir sur camp une cheftaine demander pardon à une jeune guide parce qu’elle n’a pas bien su établir avec elle la confiance qui aurait pu la faire grandir et dont, en tant qu’éducatrice, elle a en principe l’initiative. C’est aussi vrai d’un parent envers son enfant, ou d’un manager envers son collaborateur. Cela est un vrai témoignage d’humanité.
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