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Savez-vous que les prêtres sont bien des gens mariés ? - Le Mot du Padre par le

09 juin 2021 Le mot du Padre

            À quelques jours des ordinations presbytérales, j’aimerais préciser benoitement un point important concernant l’appel des prêtres diocésains et du prêtre en général, en vue de son ordination. Assez fréquemment, lorsque j’évoque les différentes paroisses dans lesquelles il m’a été donné d’exercer mon ministère de diacre puis de prêtre, on me fait remarquer que, tout de même, je n’ai en fin de compte jamais durablement quitté la région voire même le département qui m’ont vu grandir… « Mais Père, cela ne vous manquerait-il pas d’aller un jour ailleurs, en France ou à l’étranger ? Pouvez-vous même en faire la demande, ce serait normal après tout ? - Non, je n’ai pas bien envie, réponds-je souvent avec un léger sourire - … »

            En vérité demander cela à un prêtre diocésain, c’est presque lui demander (un peu naïvement) de remettre en question son appel au sacerdoce. Car parmi les nombreux critères d’appel d’un candidat au presbytérat, il y a en effet son désir, et la capacité correspondante, de devenir prêtre pour une Église particulière, un diocèse ou bien une communauté. Sa vocation, durant les sept ans qui le conduiront au sacerdoce devra pouvoir même s’épanouir graduellement selon cette perspective. Dès lors, s’il est bien-sûr toujours possible d’aller rendre des services pour un temps déterminé dans un autre diocèse où une institution d’Église, l’appel reçu par un prêtre diocésain le conviera à se préparer à la mission comme un des pasteurs d’un peuple déterminé, qu’il voudra guider comme collaborateur de l’évêque, qui l’appelle, l’ordonne et qui possède en propre cette charge. Cela signifie que le prêtre diocésain n’est pas un fonctionnaire, puisqu’en vertu de l’appel qu’il a reçu, il exercera ses missions en un lieu précis, dans lequel le Christ l’attend toujours, et en communion de charité pastorale avec l’évêque de ce lieu, ainsi qu’avec l’ensemble des prêtres qui ont reçus comme lui un tel appel. Et, bien que n’étant pas évêque, mais en tant qu’il est configuré au Christ Tête et Pasteur par son ordination, il y a d’une certaine manière une relation sponsale (ie : d’époux à épouse) entre lui-même et l’Église à laquelle il est confié dans l’Esprit-Saint.

            En ce sens, vous avez peut-être remarqué à quel point les prêtres pouvaient être sensibles, chacun à leur manière, au lien de l’unité et de la paix dans une communauté (cf. Eph 4,3). Eh bien, c’est parce qu’aucun époux ne veut voir son épouse s’enlaidir ou se démembrer ; c’est d’ailleurs ainsi que la sainteté de l’Église dépend de la sainteté de ses pasteurs. Aussi, en tant que formateur de prêtre, je peux témoigner que cette perception de la dimension sponsale du sacerdoce ministériel manque un peu dans la culture ecclésiale contemporaine. Dans un monde individualiste qui vénère l’immédiateté, nous avons tendance à envisager le choix d’une vocation comme celui d’une décision privée et exclusive, alors que c’est parce que Dieu veut embellir Son Église qu’Il invite chacun à y prendre place ; dans la vie et l’histoire de ce peuple qu’Il a lui-même choisi dans le Christ (cf. Eph 1, 10). Ce hiatus enfermant nous empêche souvent d’éprouver concrètement Sa continuelle action dans le temps par la main de Ses prêtres ; un prêtre n’arrive en fait jamais en un lieu par hasard… Et ce qu’il donne à vivre à un peuple dans la finitude de son célibat n’est autre que la volonté de Dieu en acte.

            Le vénérable P. Sevin disait

« Heureux qui sait user ses jours au service des garçons ! ».

En ce mois de juin, nous honorerons le travail accompli par de nombreux chefs et cheftaines qui ont vécu saintement de la prière et du service pour que naissent cette année de multiples vocations de prêtres et de consacré(e)s. Ces derniers auront dit « oui » parce qu’ils ont appris de la belle école du scoutisme que le don de soi n’est jamais un saut dans le hasard de l’existant mais l’accueil d’un horizon particulier pour fidèlement vivre et faire vivre de l’amour divin en un lieu précis. Ainsi, ceux que le Père convie par la voix de Son Église à la vocation presbytérale savent à quel point cet appel sera toujours défini et donc exigeant. A nous de prier pour leur futur ministère en les aidant aussi à devenir ici et maintenant d’authentiques envoyés du Christ, unique époux de nos âmes.

 
 
Par le Père Jean-Baptiste Perche
Vicaire à Saint Cloud et Père à la Maison St Jean-Baptiste à Versailles, ancien CR
 
 



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