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Porter la croix - Le Mot du Padre par l'Abbé Raphaël Cournault
Dans leur uniforme, les scouts portent la croix du Christ sur leur cœur, ce n’est pas anodin. Et il faut avouer que la croix, ce n’est pas très vendeur ! Si Jésus avait eu un bon directeur marketing, il lui aurait sans doute dit de ne pas parler de cela et surtout de ne pas rabrouer son poulain, Saint Pierre, avec autant de force. Qui donc voudrait porter un instrument de torture sur sa poitrine ? Qui donc peut accepter d’entendre que la souffrance fait partie de notre vie chrétienne ? Si le « scout sourit et chante dans les difficultés », c’est sans doute qu’il a mieux compris le sens de la croix que Saint Pierre…
Pour un scout, la croix est d’abord une fierté et un motif de joie : la croix, c’est le signe de la victoire éclatante du Christ.
Car le Christ n’est pas resté sur la croix : aujourd’hui, la croix est vide puisqu’il est ressuscité. Porter la croix sur sa poitrine, porter la croix sur son cœur, c’est confesser la foi dans le Christ mort et ressuscité pour nous sauver.
Pour un scout, la croix est aussi une invitation à entrer dans la logique de l’amour de Jésus : donner sa vie. En effet, la croix que Jésus annonce à ses disciples, c’est d’abord le don de sa vie. « Ma vie, nul ne la prend mais c’est moi qui la donne ». Sur la croix, Jésus offre librement sa vie. Ce que la croix nous révèle c'est que l'amour est rouge, rouge feu, rouge sang, et que l'amour est un cœur, oui assurément, mais un cœur avec une croix plantée dedans. Que l’amour va jusqu’au bout. Que l’amour donne tout.
Pour un scout enfin, porter la croix sur sa poitrine, c’est accepter que la souffrance fait partie de notre condition d’homme comme s’en fait écho le départ routier « rouge, couleur de la route, symbole d’amour et de sang, pour que tu n’épargnes ni l’un ni l’autre au cours de ton existence ». Ne rêvons pas trop vite, comme Saint Pierre, que la vie soit un « long fleuve tranquille ». Les souffrances plus ou moins grandes que nous pouvons endurer et supporter font partie de notre condition d’homme et nous permettent aussi de tourner notre désir vers le ciel et le salut. Sans les rechercher, nous sommes invités à les supporter avec patience tout en étant sûr, dans la foi, de la présence du Christ comme nous l’enseigne la tradition spirituelle :
« Le Christ n’est pas venu supprimer la souffrance mais l’habiter de sa présence ».
Chaque fois que nous le traçons sur nous, le signe de croix nous rappelle ces réalités saintes : le Christ a donné sa vie pour nous sur la croix, mais il ne s’est pas arrêté à la souffrance, il l’a transformée et l’habite de sa présence. Dans notre monde contemporain puissions-nous, au nom de notre promesse scoute, savoir porter notre croix avec patience, et porter la croix devant le monde avec fierté : elle est notre espérance !
Abbé Raphaël COURNAULT, RS
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