News
« Je veux t’aimer sans cesse, de plus en plus » - Le Mot du Padre par Don Monfort de Lassus
La prière des routiers nous entraîne malgré fatigues et contradictions jusqu’à la maison du Père, cette maison qui tient tant à cœur à Jésus, cette maison transformée par les hommes en maison de commerce. Quelle est cette maison ? Quel commerce la menace ? Quel échange l’honore ?
Cette maison, c’est au sens 1er le temple de Jérusalem (le « hieron » v13.14), le lieu de la prière par excellence, seul sanctuaire légitime où les Juifs pouvaient offrir des sacrifices à Dieu. Ce sanctuaire n’était plus respecté comme il devait l’être. Le problème n’était pas qu’il y ait des vendeurs et des changeurs car leur présence était nécessaire au bon déroulement des sacrifices. Le problème était plutôt leur situation : ils étaient dans le sanctuaire même (le « naos » v19.20.21), le Lieu de la Présence, la « maison de mon Père »(v16). Les Juifs avait transformé l’échange avec Dieu en commerce humain. Ce manque de respect dénotait clairement un manque d’adoration chez les Juifs. C’est pourquoi, dévoré par le zèle, Jésus expulse du temple pour en rappeler le caractère sacré et donc, implicitement, l’adoration due à son Père.
Le problème était plutôt leur situation : ils étaient dans le sanctuaire même, le Lieu de la Présence, la « maison de mon Père ».
Nous avons une confirmation de cette interprétation dans le fait que cet épisode suit immédiatement les noces de Cana où Marie faisait remarquer à son Fils : « ils n’ont plus de vin » (Jn 2,3). Au sens littéral, il s’agit du vin matériel qui manque au repas de noce. Au sens spirituel, en tenant compte du symbolisme du vin dans le contexte nuptial de l’Ancien Testament (Ct 1, 2.4 ; 4,10), le vin est le symbole de l’amour. Ils n’ont plus de vin signifie qu’ils n’ont plus d’amour. L’amour fait défaut à Israël, épouse de YHWH-Dieu. Par cet acte accompli au Temple, Jésus confirme donc qu’il est urgent de rappeler aux Juifs l’exigence du premier commandement de la Loi : « Tu n’auras pas d’autres dieux que Moi ». Au début de son ministère, Jésus manifeste sa « priorité pastorale » par une double purification : celle des jarres de purification à Cana et celle du Temple. Le primat de l’amour dans la relation à Dieu est ainsi signifié. Cette maison défendue par Jésus est celle de l’intimité divine.
"Ils n’ont plus de vin signifie qu’ils n’ont plus d’amour"
Qu’est-ce que cela signifie pour nous ? Nous comprenons que nos échanges avec Dieu sont importants pour lui et qu’il veut purifier notre relation à lui pour lui donner de la teneur. Sur le fond, notre amour peut s’être attiédi. Il est semblable à de l’eau insipide en comparaison du vin. Sur la forme, le temple, nos églises, nos coins prière et, fondamentalement, notre âme sont encombrés de ce qui n’est pas Dieu : désintérêt, lassitude, flemme… ; nous rabâchons, remplaçons par des activités en apparence plus lucratives, parfois même le service au lieu de la prière. C’est un vrai risque pour notre vie chrétienne qui, ne l’oublions pas, est une vie d’amitié avec Dieu : « Je ne vous appelle plus serviteurs mais amis ». Comme les Juifs, nous pouvons devenirs de bons serviteurs et accomplir nos devoirs mais manquer cruellement de cœur et d’intimité avec Jésus : « Tu ne manques pas de persévérance, et tu as tant supporté pour mon nom, sans ménager ta peine. Mais j’ai contre toi que ton premier amour, tu l’as abandonné. Eh bien, rappelle-toi d’où tu es tombé, convertis-toi, reviens à tes premières actions ». Ap. 2,3-5
Jésus veut nous convertir à l’intimité avec son Père, cette intimité dont l’Esprit-Saint est la source, lui l’Esprit d’amour qui unit le Père et le Fils. Sainte Thérèse d'Avila nous entraîne vers cet échange lorsqu’elle définit la prière comme « un commerce intime d'amitié avec Dieu dont on se sait aimé ».
"Jésus veut nous convertir à l’intimité avec son Père, cette intimité dont l’Esprit-Saint est la source, lui l’Esprit d’amour qui unit le Père et le Fils."
Lors du chant de la promesse, nous aimons chanter « Je veux t’aimer sans cesse, de plus en plus »… Nous demandons alors à Dieu de venir purifier l’art et la manière de le servir et de le prier. Nous lui demandons de mieux habiter notre corps qui est le temple de l’Esprit Saint. Nous lui demandons de nous libérer des vaines idoles qui viennent peu à peu encombrer nos vies. Renouvelons donc notre promesse d’aimer plus souvent !
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.