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Entrainement et conversion - Le Mot du Padre de l'Abbé Raphaël Cournault

04 mars 2022 Le mot du Padre

Chaque année il revient. Chaque année on se dit que c’est la bonne. Chaque année on commence le mercredi des Cendres avec des tas de résolutions, on est aussi motivé qu’un CP à la veille de son dernier grand camp. Et au bout de quelques semaines de Carême, souvent, on fait le constat que les choses n’avancent pas et dès lors on abandonne le combat. Un peu comme des scouts qui au cours d’un grand jeu, voyant la chance tourner dans l’autre camp abandonnerait complètement le terrain.

Alors pour bien attaquer le Carême il faut certainement en comprendre mieux le sens.

Le carême c’est un temps de conversion. Mais non pas à la manière volontariste et violente comme dans le film "Da Vinci Code" où l’on voit un pseudo moine se flageller jusqu’au sang. C’est un temps pour vivre la conversion comme en ski de rando. Lorsque vous randonnez à ski en montagne, vous descendez joyeusement jusqu’au moment où vous vous rendez compte que juste un mètre plus bas il y a une grande barre rocheuse. Vous devez alors faire une conversion, pour repartir dans l’autre sens. C’est la conversion ou la mort. L’enjeu du Carême, c’est donc la vie, et la vie véritable. La vie avec le Christ.

 

Le Carême, c’est un temps d’entrainement. Celui qui veut devenir champion de natation doit se décider à aller souvent à la piscine pour s’entrainer. De la même manière, le Carême est un peu l’entrainement du chrétien. Et comme pour devenir champion olympique du 50 m nage libre… s’entrainer ça se décide. Vivre le Carême se décide. Et Jésus nous donne trois exercices pendant le Carême. Trois occasions d’entrainement : la prière, le partage, le jeûne.

Mais il nous laisse libre de choisir les moyens concrets qui vont avec ces 3 dimensions essentielles. Pour les discerner on pourra avec justesse reprendre contact avec son père spirituel ou encore prendre le temps de faire le point sur sa propre vie.

 

-        La prière, elle convertit mon rapport à Dieu, en me rendant plus intérieur. Oui, parce qu’en Carême, c’est pas mal de se rendre compte que ma vie ne se résume pas à boire, manger, acheter, travailler et prendre les transports en commun. J’ai une âme, un cœur qui est ce moyen pour revenir à Dieu : « revenez à moi de tout votre cœur »,

 

-        Le jeûne me simplifie. On a tendance à laisser tellement les préoccupations matérielles au premier rang dans notre vie que le jeûne est comme un choc de simplification. Le jeûne me rend plus libre. Le jeûne peut aussi être utile à maitriser mes passions, mes ardeurs. Si je m’entraine à être libre par rapport à mon corps avec la nourriture, il y a fort à parier que j’aurai plus de facilité à être plus libre à d’autres moments.

 

-        L’aumône convertit mon rapport à l’autre, à mon prochain. Le partage fait que je ne me replis pas sur moi. Et il faut avouer qu’avec les confinements, le masque, le covid, on a eu tendance à confiner son cœur, à nous replier sur nos cellules familiale ou amicale proches. L’aumône nous déconfine, l’aumône nous dilate le cœur, l’aumône nous agrandit, nous élargit, nous enrichit. L’aumône de son temps, l’aumône de son argent, l’aumône de son écoute.

 

Et comme le sens du concret est un but du scoutisme, même les anciens du mouvement doivent choisir de vivre quelque chose de concret pendant le Carême. Pour ne pas rater le départ du train du Carême voici quelques pistes :

-        Soyons précis. Évitons-les « plus » et les « moins ». Exemple : « Je vais prier "plus" pendant le Carême », choisissons un temps de prière, un effort de prière concret, simple et vérifiable : j’irai à l’adoration le mardi soir, je prierai à nouveau l’angélus matin, midi et soir, j’irai à la messe de semaine tel jour, je donnerai 30 euros par semaine pour telle œuvre, je jeûnerai le vendredi midi… Un petit papier rapporté à chaque messe dominicale pourra m’aider à faire le point.

-        Soyons humbles. Le Carême, n’est pas le temps des exploits. C’est Dieu qui nous converti… mais il nous demande le petit coup de pouce de notre bonne volonté. Être humble cela veut dire choisir une piste dans chaque catégorie accessible, une marche que l’on peut franchir. Si j’ai du mal à prier chaque jour, je ne fais pas comme effort de Carême de faire oraison 30 min par jour… mais simplement 3 min !

-        Visons la liberté intérieure. Le but du Carême est de retrouver la grandeur de son baptême. Nos efforts, de jeûne en particulier, peuvent porter sur ce qui nous encombre et nous empêche d’être pleinement chrétien. Jeûner d’alcool, jeûner de smartphone le soir, jeûner de réseau sociaux, jeûner de déplacements inutiles ou de WE de confort sont peut-être bien plus profitables que de se priver d’un peu de viande tel ou tel jour.

 

Prenons courage et soutenons-nous fraternellement pour vivre une belle quarantaine. Revenons à la source de notre baptême, à la source de notre promesse. Conjuguons nos modestes efforts et la grâce de Dieu : « Je veux t’aimer sans cesse de plus en plus, protège ma promesse Seigneur, Jésus »

 

 




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