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[Baden Pow'ELLES] "Je suis de la génération Barbie"
Ma sœur en avait (moi pas, j’étais trop garçon manqué...) et j’avais même des cousines qui avaient l’ultime chance d’être abonnées au Club Barbie…. Ce qui signifiait recevoir chaque mois des bijoux pailletés avec le magazine entièrement dédié à la vie parfaite de cet idéal féminin !
Elle nous a fait rêver cette belle blonde...
Une coiffure de rêve, des hanches si fines, une poitrine vertigineuse, une garde-robe de folie, une décapotable dernier cri et un camping-car super luxe.
Il faut dire qu’elle a une vie parfaite.
Coiffée et maquillée au réveil, ses journées sont composées de moments de rire avec ses copines et au square avec ses enfants polis impeccablement habillés.
Quand Barbie est brune (et oui il y en a), elle a la chance de faire une carrière incroyable dans de beaux bureaux (normal c’est la brune …. Donc équipée d’un cerveau) avec des collaborateurs masculins qui l’écoutent subjugués exposer ses nouvelles idées.
Le soir, brune ou blonde, elle rentre chez elle aussi rayonnante qu’au matin et cuisine un repas raffiné qu’elle déguste avec son Ken, compagnon aussi beau que doux et compréhensif.
Ensemble, ils programment leurs vacances d’été qui seront tout comme eux…harmonieuses et parfaites !
Je n’ai pas dû faire tout comme il faut, où alors c’est la formation Barbie sup que j’ai raté …
Parce que moi, après une nuit souvent trop courte, il me faut une grosse demi-heure pour entrevoir les yeux au-dessus des poches, enfouis sous du mascara de la veille (trop crevée pour me démaquiller).
Mes hanches, plus larges que mon décolleté, n’ont pas été épargnées par les grossesses…
Ma garde-robe est plutôt jeans baskets topés sur Vinted que tenues de gala (qui de toutes façons m’obligent à rentrer le ventre).
Ma voiture a le toit ouvrant qui coince la plupart du temps et si je n’avais pas un mari un tantinet maniaque il y a fort à parier que mes enfants auraient gentiment émietté leurs chocos sur les fauteuils…
Mon quotidien a longtemps été rythmé par les trajets d’école et les activités des kids plus que par les réunions du CAC 40... malgré le fait que je sois brune !
Le soir, vidée la plupart du temps, je cuisine des pâtes (ce qui se reflète inexorablement sur la silhouette dudit mari qui gentiment dit à tout le monde que c’est parce que je cuisine trop bien qu’il s’est, comment dire… étoffé) et au moment de se coucher on réalise qu’on n’a encore pas vu tous les trucs qu’on s’était promis d’évoquer…
ET pourtant…..
J’ai bien travaillé à l’école
J’ai écouté les adultes
J’ai fait des études
J’ai rencontré un mec top (et franchement Olivier c’est plus facile à porter que Ken)
J’ai fait le max pour mes enfants
J’ai visé la perfection…
Et c’est sans doute là mon erreur…. Notre erreur à nous les femmes.
Vouloir être à la fois femme, épouse et mère (lingerie sexy sous le jeans du mercredi pour jouer aux légos à 4 pattes, testé… Mais pas approuvé !)
Tenter d’être efficace tout en étant sexy (c’est vrai que nettoyer la baignoire en talons aiguilles c’est tellement plus sympa 😊 )
Vouloir conjuguer une maternité épanouie et une carrière performante (allaiter en visio de réunion stratégique, easy non ? )
Espérer être parfaites, telles des Barbies, c’est aller tout droit dans le mur...
On nous aurait menti ? Non, on nous a fait rêver, et c’est capital !
Le défi que nous avons, nous les femmes se trouve dans la magie de ce corps qui nous est donné. Un corps fait pour aimer et donner la vie.
Et ça, c’est notre super pouvoir ! (même si avouons-le, on ne cracherait pas sur le fait d’être coiffée au réveil 😊)
Grandir, évoluer, c’est adapter son idéal à la réalité, à SA réalité.
C’est tout ce questionnement si délicat et si fructueux qui se fait au sein des guides-aînées.. cette étape de croissance proposée pour « devenir un adulte capable d’assumer ses futures responsabilités et d’exercer ainsi un discernement dans un vrai et bon usage de sa liberté dans chacun de ses actes »
Barbie en jupe culotte…. Culotté non ? 😊
Je suis frappée par toutes ces femmes autour de moi que l’on a poussées à faire des études qui les mènent à une impasse.
On les a challengées, motivées à être au top dans des voies qui mènent à des boulots ultra-prenants.
Elles ont performé, grimpé les échelons mais arrivées en haut, se sont prises un mur...
L’arrivée des enfants a chamboulé tous leurs plans... Car malgré ce que l’on veut nous faire croire, la vie des mères n’est pas celles des pères...
A l’heure des trajets à la crèche, des réunions de classe, des goûters d’anniversaires ou des bonnes veilles gastros, ce sont elles qui se sont vues désignées d’office !
Les voilà, la trentaine, devant ce constat que les beaux diplômes et leurs formations de compét' n’ont pas pris en compte la dimension unique qu’elles portent en tant que femmes.
Alors très patiemment, entourées de leurs copines déjà passées par là elles revoient leur copie, celles qui ont été de si bonnes élèves…
Elles s’adaptent, s’assouplissent, modifient parfois aussi leurs plans de carrière…
Passée cette étape délicate que celle des changements, elles se sentent alignées, ajustées, et assumées dans leur féminité !
Elles découvrent avec joie qu’un costume de kermesse porté avec fierté peut être aussi satisfaisant qu’un nouveau client gagné.
Elles savourent le square après l’école, elles qui ne voyaient pas le soleil de la journée.
Elles sont fières d’avoir pris ce virage de la reconversion, de certes moins gagner mais vivre mieux !
Elles savent qu’elles ont gagné en maturité, en vérité !
Et ces femmes apaisées préparent avec douceur une nouvelle génération.
Leurs filles seront conscientes à l’heure des grands choix, qu’il ne faut rien renier de sa féminité !
par Anne HUC
Fondatrice de Providenti’ELLES
Ancienne cheftaine de meute, elle a 4 enfants avec Olivier, investi au district de Nantes.
Convaincue de la modernité des valeurs scoutes, elle essaye de les appliquer dans les différents pans de sa vie de femme.
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