News

Partager sur :

[LE PORTRAIT DU RASSO] Interview de Sœur Marie-Isabelle Marxuach, dominicaine aux Etats-Unis

08 février 2021 Les portraits du RASSO

Sœur Marie Isabelle Marxuach, vous êtes religieuse dominicaine aux Etats-Unis ; avant de revenir sur votre vocation religieuse, pouvez-vous nous raconter votre parcours chez les Guides et Scouts d'Europe ?
A 13 ans, j'ai commencé comme guide à la 4ème Toulouse. Trois ans plus tard, j'ai été invitée à être CP de l'Hermine à la fondation de la 8ème Toulouse. Après un an comme équipière pilote de la 2ème Toulouse, j'ai servi comme  assistante à la Clairière 8ème Toulouse. Puis, bien des années plus tard, j'ai repris du service pour l'accompagnement spirituel de la Clairière  2ème Beauzelle. Avec le recul, je suis émerveillée de me rappeler la qualité des cheftaines qui encadraient ces unités et de l'exigence dont elles faisaient preuve pour elles-mêmes et pour les jeunes qui leur étaient confiées.   
 
Qu'est-ce qui vous a le plus marqué dans votre expérience scoute ? Quels en sont les fruits qui continuent de vous nourrir dans votre vocation religieuse ?
Comme guide, tous les aspects de la vie de la patrouille me passionnaient et j'ai consacré une grande partie de mon temps à préparer les épreuves techniques pour la progression. Cependant, j'ai bien conscience que c'est sur le plan humain et religieux que le scoutisme m'a le plus apporté. Les relations au sein de la patrouille m'ont beaucoup appris sur les forces et les failles de ma personnalité. Pendant le camp, on ne peut pas faire semblant. Il faut donner tout ce que l'on possède et accepter avec joie de recevoir des autres.  Le scoutisme appelle à se dépasser constamment. Tout cela a contribué à me préparer pour la vie fraternelle en communauté.
Le scoutisme a aussi fait grandir ma foi. J'y ai fait une expérience personnelle de rencontre avec Dieu dans la prière. Je me souviens avec émotion des nuits passées à veiller dans la prière auprès du feu avant les promesses et des grands pèlerinages de province. L'engagement de ma promesse et la charge d’âmes confiée lorsque j’étais CP ont vivement contribué à mon engagement dans la vie religieuse.
 
 
Vous êtes depuis neuf ans à Nashville aux Etats-Unis, comment arrive-t-on de Toulouse à Nashville dans le Tennessee ?!
J'aime à penser que c'est un coup de la Providence orchestré par Saint Dominique. En effet, lorsque je suis venue à Nashville pour la première fois, je n'avais nullement l'intention d'y rester. Quelqu'un m’avait dit : «Tu devrais aller rendre visite à ces Sœurs. Je suis sûr que tu vas les aimer. » Et cela s'est totalement vérifié. Non seulement j'ai fait la connaissance d'une communauté accueillante et joyeuse, mais j'ai été très frappée par le très bel équilibre entre prière, vie fraternelle, étude et apostolat, les quatre piliers de la vie dominicaine. Aussi, malgré les sacrifices liés à l'expatriation, je ne regrette absolument pas ma décision.
 
Quand on évoque une communauté religieuse américaine portant le nom de Sainte Cécile, patronne des musiciens, l'image de Sister Act peut vite nous venir en tête ! Quel est donc le charisme et la spiritualité des religieuses dominicaines de Sainte Cécile ?
Quand, en 1860, le deuxième évêque de Nashville, Mgr James Whelan, a appelé des sœurs dominicaines à fonder un établissement d'enseignement dans son diocèse comptant une petite minorité de catholiques, il les a vivement encouragées à donner à l'art, et en particulier à la musique, une place de choix dans la formation des jeunes filles.  Ainsi, depuis le début, les Dominicaines de Sainte Cécile ont développé leurs talents musicaux pour le service de la liturgie et de l'enseignement. En effet, le charisme de la Congrégation est l'éducation de la jeunesse. Toutes les sœurs de la Congrégation reçoivent une double formation en théologie et en pédagogie pour faire face aux défis de l'enseignement. Aujourd'hui, les sœurs enseignent à tous les niveaux de la maternelle à l'université sur trois continents : Amérique, Europe et Océanie.  Elles contribuent aussi à former des enseignants, des chefs d'établissement et des catéchistes. Ces dernières années, nous avons fait un effort tout particulier pour développer la « catéchèse du Bon Berger » inspirée de la pédagogie Montessori pour les enfants à partir de 3 ans. Il existe en effet une demande croissante pour une solide formation à la foi dès le plus jeune âge.
 
 
Vous avez enseigné aussi bien en France qu’aux Etats-Unis, qu'est-ce qu’être éducateur selon vous ? Quelles sont les clés pour éduquer et édifier notre jeunesse ?
Eduquer c'est rejoindre l’enfant ou le jeune et faire une partie du chemin avec lui en l'aidant à ouvrir des portes qu'il n’aurait sans doute pas eu l'idée ou le courage de pousser tout seul. C'est exigeant. Il faut souvent indiquer la route qui monte, alors même que la voie qui va vers le bas semble tellement plus attrayante et largement plus fréquentée. Avec les adolescents, il faut accepter la part de rejet ou de rébellion qui résulte parfois de la relation. Car pour se construire le jeune a besoin de sentir que l'adulte en face de lui ne va pas s'écrouler face à la contradiction, ni chercher à plaire à tout prix.
Il y a beaucoup de ressources dans la jeunesse. Saint Jean Paul II l'avait bien compris, lui qui faisait toujours appel à l'énergie et à la soif d'absolu que Dieu accorde à cette tranche de vie. Dans le contexte scolaire, j'ai souvent été émerveillée de constater que lorsque je proposais quelque chose de difficile en donnant aux élèves les moyens de l'accomplir, non seulement ils dépassaient mes attentes, mais ils en tiraient une joie qui leur donnait une force nouvelle pour aller encore plus loin. 
Je suis sans cesse encouragée par les paroles de Jésus : « Allez ! De toutes les nations faites des disciples : […] apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu'à la fin du monde » et aussi par l'exhortation de Saint Paul à Timothée : « Proclame la Parole, interviens à temps et à contretemps, dénonce le mal, fais des reproches, encourage, toujours avec patience et souci d'instruire. » Tous les éducateurs chrétiens peuvent tirer profit de ces conseils pour garder le cap.
 
Comment avez-vous connu Le RASSO ? Que représente pour vous notre communauté des aînés et anciens Guides et Scouts d'Europe ?
C'est par Famille Chrétienne que j'ai découvert le RASSO, et l'idée de me replonger dans les racines de ce qui avait animé mon adolescence et préparé ma vie d'adulte m’a immédiatement motivée. Je lis avec beaucoup d'intérêt les témoignages et les articles de fond. Ils m'aident à rester proche des plus jeunes et me donnent des suggestions pour ma prière et la poursuite de notre objectif commun : la sainteté.
 
Vous avez accepté d'écrire bénévolement pour Le RASSO, quelles sont les thématiques qui vous tiennent à cœur ? Qu'avez-vous envie de transmettre aux membres de la communauté du RASSO ?
Avec l'aide de plusieurs sœurs, j'ai traduit de l'anglais au français l'excellent programme de formation « Aimer et Pratiquer les Vertus » pour les jeunes de 4 à 14 ans. Je suis donc particulièrement motivée pour partager ce trésor avec les membres du RASSO et le mettre à la portée des parents, des enseignants et des catéchistes parmi eux. Je serais aussi partante pour l'adapter aux besoins des unités pour la branche du louvetisme et pour les guides et scouts.
Je peux aussi partager mes compétences et mon expérience dans les domaines du discernement vocationnel et de la catéchèse.
 

Galerie photos

Chargement...



3
J'aime

Aucun commentaire

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.