News
[QUESTION ÉDUCATION] Éduquer avec une juste autorité - François-Xavier Clément
Si le scoutisme est une excellente école de leadership c’est avant tout car elle permet à des jeunes enfants puis à des adolescents d’exercer une responsabilité par laquelle ils vont découvrir la relation d’autorité. Attardons-nous sur une juste compréhension de l’exercice de l’autorité.
Dans la philosophie réaliste l’autorité est comprise comme la cause formelle de la société, et on entend le sens du mot société au sens large, il peut s’agir d’une société familiale, économique ou politique. Il peut s’agir d’une meute, d’une patrouille, d’une troupe ou d’une compagnie. L’exercice de l’autorité réside donc dans l’acte de celui qui donne une forme ou un ordre à la réalité sur laquelle s’applique sa responsabilité. Donner une forme au sens organique du mot et non pas au sens mécanique du terme. Il ne s’agit pas d’une forme extrinsèque mais d’une forme intrinsèque. C’est la différence qu’il y a entre un exosquelette et l’organisation organique du corps humain. Cette forme organique est comme l’animation d’un corps vivant par un principe de vie interne, c’est l’organisation des éléments qui composent la société par un jeu d’interdépendance et d’intégration réciproque les uns par rapport aux autres. En ce sens l’autorité ordonne dans la mesure où elle dispose les parties dans un tout en vue d’un but, c’est à ce titre que l’autorité donne un sens et même une âme à la société, elle anime la forme de l’intérieur par une pensée qui prend chair.
De ce qui précède il est aisé de comprendre que l’autorité est un acte intérieur avant d’être une parole ou un geste. L’autorité est tellement intérieure qu’elle ne nécessite pas toujours d’extériorité pour s’exercer. L’exercice de l’autorité est intimement lié à la légitimité qu’acquière celui qui l’exerce pour lui-même avant d’être une légitimité pour les autres. Cette légitimité pour soi-même est la considération que l’on porte à sa mission et à sa responsabilité. Par la conscience qu’il a du sens et de l’importance de sa mission, le chef fonde sa conviction du bien-fondé du service que représente sa responsabilité de direction. L’autorité est une intime conviction intérieure qui va ordonner l’extérieur, ordonner une société, organiser en donnant une direction, un sens. Pour ce faire, l’autorité se doit d’être habitée par le but de son action. Point de place pour l’injonction ou l’arbitraire, l’autorité exprime sa légitimité extérieure par la cohérence de son exigence avec le sens de l’action collective pour la réalisation du Bien commun. C’est là que l’explicitation de l’intention est essentielle pour le chef.
L’autorité qui ne passe pas par l’explicitation de ses intentions risque fort de tomber dans l’injonction et faire naître le sentiment de l’absurde ou de l’arbitraire dans l’esprit de ses subordonnés.
L’explicitation c’est l’intelligence de la situation, c’est ce qui va donner le sens de la finalité et donc déclencher le moteur indispensable de la motivation. Même si le chef est apprécié pour ce qu’il est, même s’il développe un fort charisme, la motivation ne doit jamais se satisfaire de la confiance qu’engendre la personnalité managériale, il convient de nourrir l’intelligence de ses collaborateurs pour qu’il partage la fin et soient enclin à adhérer aux moyens. C’est à cette condition que toute éducation est éducative.
Aucun commentaire
Vous devez être connecté pour laisser un commentaire. Connectez-vous.